En injectant soleil et groove dans son postpunk minimaliste, cette Anglaise androgyne éblouit. Critique et écoute.
Bunkerpop : le titre de l’un des morceaux de cet album résume ce dont il est ici question. Bunker, pour sa genèse dans une tour morose de la banlieue industrielle de Manchester, au domicile de l’Anglaise Julie Campbell (qui préfère rester cachée derrière son pseudo). Pop, pour cette volonté de clarté, de dépouillement, qui l’obsède depuis son premier album, Nerve up, dévoilé en 2010.
Une vision très personnelle du funk
A l’époque, elle privilégiait le régime ascétique, les guitares crispées et les voix blanches, dans la lignée d’autres intransigeants invétérés comme Young Marble Giants, The Au Pairs ou The xx. La surprise est immense dès les premières secondes d’Hinterland, dont elle joue tous les instruments sauf la batterie : une pulsation de beats en pointillé, vite rejoints par une basse chaloupée et un chant incroyablement sensuel. On ignore à quels exercices d’assouplissement elle a bien pu avoir recours pour obtenir un groove aussi élastique, un timbre aussi lascif, mais le résultat est incontestable.
Si ses anciens dogmes et son spleen laconique n’ont pas totalement disparu, LoneLady montre qu’elle sait aussi s’en affranchir pour déployer sa vision très personnelle du funk, à la fois glacial et turbulent, mécanique et ardent. Loin du simple hommage aux sonorités des eighties, qu’elle manie avec dextérité, elle ose introduire des éléments inattendus : des violons contemplatifs sur Flee!, ou un violoncelle lancinant sur Hinterland, la chanson-titre, qui se traduit en français par “Arrière-pays”. Ne pas y voir une volonté de retour en arrière – ce deuxième album est au contraire un grand saut en avant.
concert le 16 mai à Paris (Maroquinerie)