Toujours porté par le mantra « un homme = une voix », le groupe a conçu « Sol Invictus » à l’instinct. Et plus avec le cœur qu’avec la tête. Rencontre, critique et écoute.
On n’est jamais trop fleur bleue, même quand on est metalleux. Demandez à Mike Bordin, son disert batteur, comment Faith No More a anticipé son retour, et il vous parle fiançailles.
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“Une politique des petits pas, comme quand tu fais la cour à quelqu’un qui te plaît vraiment. Tu ne brusques rien pour ne rien gâcher. Le but était très simple : finirait-on avec la bague au doigt et des tas de petits mômes autour ou notre relation serait-elle vouée à l’échec ?”
De fait, les retrouvailles ébauchées à la scène depuis 2009 se concrétisent en studio cinq ans plus tard (“un miracle !”, pour Bordin). Et le quintet de San Francisco sort enfin Sol Invictus, septième tome d’une œuvre entamée en 1981. La gloire, elle, n’arriva qu’en 1990, aux Etats-Unis, avec Epic, single rap-metal issu de The Real Thing paru un an avant, pile dans l’esprit fusion d’alors.
Concevoir cet album à l’instinct
Insensible aux courants, Faith No More voit d’ailleurs ses fans fondre comme neige sur le site du Burning Man dès la sortie d’Angel Dust, en 1992. Cet excellent album crypto metal se révèle trop ouvert pour les kids accros à MTV. Et après deux autres disques, lassé des bermudas/casquettes, de Korn et de toute cette scène nu-metal qu’il se mord les doigts d’avoir influencée, le groupe, qui joue à présent en costard, se disloque en 1998. Las, et suffoquant en de vaines luttes internes, tel le poisson privé d’océan à la fin du clip d’Epic. Pour autant, hier comme aujourd’hui, le batteur réfute tout clash d’egos chez ces control freaks revendiqués.
“La rivalité, si ça signifie que Mr A. veut emmener un titre dans telle direction et que Mr B. préférerait telle autre, OK ! Mais les egos, non. Pas de ça ici.”
Inclassable étant son deuxième prénom, Faith No More ne revient toutefois pas pour un simple détartrage. Toujours porté par le mantra “un homme = une voix”, il a conçu Sol Invictus à l’instinct. Et plus avec le cœur qu’avec la tête.
“Chez nous, les suites n’existent pas. On ne va pas faire “The Real Thing Part 2” ou pondre un single-clone d’Epic ou de We Care a Lot. Certains groupes rechignent à s’éloigner de leur style ou à essayer une idée qui viendrait du voisin. Nous, on explore. Franchement, qu’est-ce qu’on risque ?”
Faith No More s’approprie chaque genre
Voilà comment on se retrouve avec du mélodica et des castagnettes sur Rise of the Fall, et un Mike Bordin s’avouant “accro du grand écart avec la trilogie ‘black’ : Black Sabbath, Black Flag et Black Uhuru.”
Cette ouverture a permis au groupe d’avancer en funambule doué sur chaque genre qu’il s’appropriait. Et s’il n’y a cette fois nulle trace de reggae ou de disco, Mike Patton, qui lie le chanté/hurlé à la perfection, n’a rien perdu de son arsenal vocal. Jon Hudson est ce guitariste rare, discret mais affûté, Roddy Bottum jette toujours des sorts à ses claviers et Billy Gould, qui a produit l’album, vous enserre dans ses lignes de basse comme le serpent Kaa dans ses anneaux. Sauf que s’il vous dit, “aie confianssss…”, vous signez sans délai.
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