Le passionnant John Dwyer et ses acolytes nous emmènent dans le meilleur du rock avec « Mutilator Defeated at Last ». Critique.
Il faudra un jour se pencher sérieusement sur le cas John Dwyer. Envisager, à sa mort, une autopsie complète en bonne et due forme et, surtout, bien étudier le cerveau de cet être mi-homme, mi-extraterrestre, capable en quelques années de régner en maître sur le royaume psychédélique californien et mondial, sortant avec une régularité métronomique depuis 2003 un, voire deux albums par an, tout en conservant un niveau d’exigence et de qualité ahurissant.
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Passé en début d’année dernière de San Francisco à Los Angeles en laissant derrière lui les autres membres du projet Thee Oh Sees, Dwyer avait surpris son monde en sortant Drop, album au tempo relativement tranquille sur lequel il explorait de nouveaux horizons en compagnie du producteur Chris Woodhouse. Présent sur à peu près tout ce qui se fait de mieux en matière de rock psyché actuellement, Woodhouse est de nouveau de la partie sur l’excellent Mutilator Defeated at Last, disque foisonnant et jouissif, intense et inventif.
Une ritournelle fabuleuse
Epaulé d’une nouvelle section rythmique au diapason, Dwyer démontre une fois de plus quel formidable compositeur il est, capable de dégotter quelques riffs de derrière les fagots pour faire swinguer dans les chaumières (Turned out Light) comme de mener à cent à l’heure ses guitares hurlantes dans le plus pur style Thee Oh Sees (le furieux Withered Hand, un Lupine Ossuary hendrixien ou Rogue Planet).
Et lorsqu’il faut dompter les chevaux, à l’image d’une face B plus apaisée, l’infatigable et prodigieux leader sort de son chapeau une ritournelle fabuleuse troussée à l’orgue électrique et affublée de guitares sous acides (Sticky Hulks). Du grand art. Si grand qu’on se verrait bien explorer les méandres brumeux d’où surgissent toutes ces idées. Oui, indubitablement, il faudra un jour se pencher sérieusement sur le cas John Dwyer.
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