Longtemps dédié à tous les fans de mangas et de jeux vidéo du monde, le quartier est devenu aussi celui des “idols”, stars absolues de la pop culture nippone.
C’est un quartier qu’on croirait sorti tout droit du futur. Une rapide promenade à pied dans ses rues surpeuplées suffit d’ailleurs à s’en rendre compte. Situé entre les arrondissements de Chiyoda et Taito, Akihabara ne doit pas son surnom de “Electric Town” au hasard. Ici, tout n’est qu’électricité. D’un bout à l’autre des avenues, les façades des bâtiments s’illuminent de centaines de couleurs dessinant dans les rues de curieux arcs-en-ciel de néons.
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Un peu partout cohabitent les petites boutiques spécialisées dans la réparation de matériel électrique et les immenses supermarchés de l’électronique. A la manière du grand incendie qui ravagea l’intégralité du quartier en 1869, on sent que crépite ici le feu de la modernité japonaise.
Mais Akihabara n’est pas qu’un simple paradis pour geeks et informaticiens. Progressivement, le quartier s’est transformé en un berceau de la culture “Otaku”, un terme qui fait référence aux jeunes Japonais introvertis et passionnés par les jeux vidéo, les dessins animés, les mangas et les figurines de collection.
Des serveuses en tenue de domestique ou de personnage fictif
Parmi les lieux emblématiques du quartier, on note maintenant l’immanquable magasin Mandarake, dédié aux mangas (grand public ou pour adultes) sur huit étages, l’immense Club Sega consacré aux jeux d’arcade ainsi que bon nombre de maid cafés dans lesquels les Japonais viennent discuter avec des serveuses en tenue de domestique ou de personnage fictif (cosplay).
Au milieu de toute cette agitation, c’est souvent avec stupéfaction que les touristes un peu perdus se font apostropher par les rabatteuses travaillant pour les magasins du coin. Déguisées en héroïnes de manga ou de dessins animés japonais, elles les saluent avec un enthousiasme forcé et un accent anglais douteux : Welcome to Akihabara !
Mais Akihabara s’est trouvé une nouvelle passion. Car désormais, c’est aussi ici que naissent et meurent les plus grandes stars de la musique japonaise. On les appelle les “idols”, un concept inconnu en France mais extrêmement populaire au Japon. “Etre un idol est une profession artistique très répandue au Japon. Ce sont très majoritairement des filles assez jeunes qui sont recrutées entre 12 et 18 ans par des maisons de production.”
“Elles sont formées à tous les domaines du divertissement : le chant, la danse, le théâtre ou la comédie. Certaines deviennent ensuite des actrices très connues, d’autres animent des émissions télé et beaucoup se lancent dans la musique”, résume Alexis Francomme, animateur de l’émission radio Podcast48 qui traite de cet engouement.
Nom de code : AKB48
Mais si le principe des groupes d’idols existe depuis les années 1960, ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’il s’est véritablement ancré dans le quartier. Car c’est ici qu’en 2005 s’est créé AKB48, un girls band de J-pop au succès sans précédent puisqu’il est devenu le premier groupe japonais à avoir vingt singles consécutifs vendus à plus d’un million d’exemplaires chacun.
“AKB veut dire Akihabara. Ce groupe est totalement lié au quartier. C’est ici qu’il a établi son camp de base en ouvrant son propre théâtre pour pouvoir se produire tous les jours de l’année”, explique Makoto Kabe, qui vit dans le quartier depuis plus de quinze ans.
Dès sa création, le concept d’AKB48 est en effet d’être un groupe d’idols faciles à rencontrer. Au huitième étage du magasin Don Quixote a donc été construit un théâtre de deux cents places permettant aux fans de voir leurs idoles de près lors de spectacles quotidiens dans lesquels se relaient les différentes chanteuses du groupe. Et la réussite est telle que pour espérer avoir un billet, les touristes étrangers doivent s’y prendre de longs mois à l’avance et demander un ticket spécial, le “Super Long Distance Category”.
Option théâtre
Face au succès rencontré par AKB48, le principe du théâtre est rapidement devenu une formule à Akihabara. Depuis quelques années, on voit donc fleurir un peu partout des lieux de performance dédiés spécifiquement à des groupes d’idols aux partis pris esthétiques de plus en plus marqués. Progressivement, c’est même tout une culture underground du genre qui semble inonder les rues d’Electric Town.
“Après l’électronique et les mangas, les théâtres sont en train de devenir une des nouvelles spécificités d’Akihabara. On en voit ouvrir de nouveaux chaque année et des fans viennent de tout le Japon – voire du monde entier – pour assister aux spectacles. De plus en plus, c’est ici que tout se passe pour les jeunes Japonais”, commente Makoto Kabe.
Le meilleur exemple est sans doute celui de Kamen Joshi, un groupe d’idols mêlant J-pop et heavy metal qui a réussi l’exploit de devenir le premier groupe féminin indépendant n° 1 des charts avec son single Genkidane. Depuis, Kamen Joshi a ouvert lui aussi son propre théâtre de quatre cents places, au septième étage de l’impressionnant building Pasela Resorts qui surplombe le quartier. L’underground au sommet des gratte-ciels ? A Akihabara, on ne fait rien comme tout le monde.
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