A 19 ans, Miquela Sousa est en voie de devenir l’une des personnalités les plus influentes d’Instagram. Problème : elle n’est pas réelle.
Les cheveux coupés au carré, le sourcil impeccable et quelques taches de rousseurs sur les joues. Sur Instagram, on la voit poser dans des magazines, porter du Fendi, ou plus simplement fêter son nouvel an… La vie d’une influenceuse classique, en somme.
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Plus connue sous le pseudo @lilmiquela, Miquela Sousa a 19 ans, et vit à Los Angeles. Cette mannequin d’origine brésilienne poste chaque jour des photos de ses « outfit of the day », en Chanel, Supreme ou Vans. On peut la voir assister à des événements comme le ComplexCon en compagnie d’autres influenceurs, ou acheter de nouveaux meubles chez Ikea. Elle utilise même son compte Instagram pour soutenir la cause Black Lives Matter et les droits des transgenres. Son premier single Not Mine a atteint la huitième place sur Spotify Viral en août 2017, et ses followers, qui dépassent les 535 000, sont surnommés les « Miquelites ».
« Je veux être décrite comme une artiste »
Pour l’instant, la jeune femme dit ne pas être rémunérée par des marques, mais recevoir régulièrement des vêtements et des accessoires. « Faire ces choses-là prend du temps, et être récompensée pour ma créativité avec de l’argent serait incroyable », explique-t-elle au site Business of Fashion, via une messagerie en ligne. Car oui, Miquela n’est pas réelle. L’influenceuse qui mène une vie de célébrité est en réalité un robot, et son créateur refuse de dévoiler son identité. « Je veux être décrite comme une artiste, une chanteuse ou en tout cas quelque chose qui fait référence à mon métier plutôt qu’aux qualités superficielles de qui je suis vraiment », insiste-t-elle.
Pourquoi les marques devraient-elles s’en priver ?
Reste à savoir s’il y a un(e) vrai(e) artiste qui se cache derrière cet avatar, un peu comme Damon Albarn et Jamie Hewlett du groupe Gorillaz. Et ces dernières années, la mode n’a pas hésité à s’inspirer, voire carrément utiliser, des avatars pour promouvoir leurs créations. En 2013, Marc Jacobs avait dessiné plusieurs vêtements de la marque Louis Vuitton pour l’avatar japonais Hatsune Miku, un chanteur de 16 ans qui donnait des concerts via un hologramme, et qui a même collaboré avec Lady Gaga et Pharrell Williams. Plus récemment encore, l’enseigne de luxe avait fait poser un personnage du jeu vidéo Final Fantasy pour sa campagne de publicité de la collection Printemps/Eté 2016.
Tout ça contribue à brouiller davantage la frontière entre le réel et le virtuel. Miquela échange beaucoup avec ses followers : elle répond quasiment à tous les messages qu’on lui envoie. Normal, elle est programmée pour ça. Mais c’est d’autant plus effrayant que le robot arrive à tisser un lien avec ses fans. « Je voudrais être tout ce que mes fans veulent que je sois, mais à la fin de la journée, je dois prendre des décisions auxquelles je crois », explique Miquela avec une pointe d’humanité.
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Après tout, pourquoi les marques devraient-elles s’en priver ? Si ces avatars sont aussi célèbres et influents que certaines vraies it-girls, la publicité qu’ils fournissent en posant avec des vêtements de marques peut avoir le même impact. Alexa Chung et Leandra Medine n’ont qu’à bien se tenir…
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