Les prodiges de Liverpool sont de retour avec une pop pacifique et sinueuse, parfaite pour la saison estivale. Critique et écoute.
Ce titre déjà, comme éloge de la lenteur : le groupe quitte, dès son second album, la frénésie de l’époque pour une respiration patiente, un art martial de la décomposition pop. Plus encore que sur le précédent Performance (2013) au psychédélisme touffu, Outfit prend ici le large, le vide, ne suivant plus que de loin les lignes raides de la côte, ces vieilles terres brumeuses où l’on laboure jusqu’à épuisement des ressources la pop ou l’electro. Outfit, comme Talk Talk, It’s Immaterial ou Blue Nile, va vers l’irréel, vers l’immatériel.
Producteurs (réputés) autant que songwriters, ces designers soniques, atavisme de Liverpool oblige, ne refusent pourtant jamais le refrain, la mélodie. Dans une musique débarrassée des gadgets, du cancan et des habitudes casanières, ils en ressortent d’autant plus massifs, éclatants. Loin d’obéir aux règles, cette musique titube aujourd’hui comme un automate déréglé, ou plutôt émancipée des ordres de la machine. Les consistances semblent ici incertaines, les couleurs inédites et l’addiction inévitable (Slowness, Genderless). Bref, cette pop pourrait avoir été inventée par Haribo.