Courageux en 2017.
On parlait récemment d’audaces pop avec l’Américain John Maus et il s’emporta un peu, jurant que s’il voulait écouter de la musique vraiment expérimentale, il préférait se pencher sur Olivier Messiaen ou Edgard Varèse. Cette façon d’innover avec des moyens et une culture du son souvent si précaires, de se débattre avec une grammaire aussi étroite, c’est pourtant ce qui fait de la pop-music, un terrain de tests fascinant. Comment repousser les murs quand on a si peu d’outils et de mots à sa disposition ? Des Beach Boys à Drake, de Bon Iver à Aphex Twin, ce sont justement les contraintes et les règles pareillement dépassées qui font progresser cet art mineur, comme diraient les sourds.
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Nouvel élan à un rock arty anglais qu’on imaginait mort et enterré
Le titre de l’album de Pale Seas – ces Anglais déjà promis à de hautes fonctions – peut se traduire par “l’astronomie pour débutants”. Et effectivement, ce premier disque rêve de grands espaces, de cosmos, avec la gaucherie, l’empressement, la candeur des apprentis.
Ces fantasmes de grandeur et d’évasion sont encore incertains, flous. Mais Stargazing for Beginners promet une grande fugue à venir, lorsque que le groupe de Jacob Scott, belle voix sans sexe, sans âge, se sera émancipé des disques-grands frères parfois encombrants.
On pense à Neil Young, à une certaine esthétique sonique autrefois défendue par le label 4AD, à un Radiohead bucolique, à Richard Ashcroft pour ce romantisme décomplexé, emphatique – Pale Seas partage d’ailleurs avec The Verve son producteur Chris Potter.
Mais de Blood Return à Stargazing for Beginners, les guitares en tourbillons de poussières, les échos sans fond, les lancinantes atmosphères offrent un nouvel élan à un rock arty anglais qu’on imaginait mort et enterré, après des années de domination sans partage de l’aigle bicéphale electro/urbain. C’est peut-être le début d’une ère, c’est sans doute le chant d’un cygne. Noir et élégant.
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