La douce dérive d’une femme seule le jour de son anniversaire. Un conte farfelu et inégal.
Sous-titrée “Une fantaisie de Robert Guédiguian”, Au fil d’Ariane est un bien curieux film. A la fois identique à tous les films du cinéaste marseillais (mêmes décors, acteurs, thèmes, etc.) et un peu plus foldingue que tous les précédents réunis. Il raconte l’histoire d’Ariane (Ariane Ascaride), une mère de famille disposant d’un bel appartement tout moderne, qui se retrouve seule le jour de son anniversaire. Enervée plus encore que désespérée, elle part à l’aventure dans sa petite voiture et, comme dans un conte, rencontre des personnages plus farfelus les uns que les autres.
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Le but évident est, premièrement, de faire un joli cadeau à Ariane Ascaride, son actrice et épouse. Deuxièmement, amener un peu de joie et de jeu dans un cinéma qui a toujours bien aimé la comédie mais dont la mélancolie est l’un des ingrédients essentiels : celle d’une époque où la classe ouvrière était unie, où le soleil brillait plus, où la fraternité et la solidarité n’étaient pas de vains mots ou des vœux pieux. Si l’on aime les films de Guédiguian, on connaît cette tristesse, on l’aime aussi. Tout devrait donc être réuni pour que nous l’appréciions une fois de plus.
Or il y a un os de taille. Malgré le talent de tous ses interprètes, la magie n’opère pas. La fantaisie n’est visiblement pas le dada du cinéaste et il se prend un peu les pieds dedans. Ce qui devrait être comique, poétique et léger ne l’étant pas, le propos du film dévoile sa potentielle lourdeur. La fantaisie a besoin de rigueur, même si cela peu sembler antinomique – demandez à Renoir. Point de burlesque sans un conflit permanent entre la raideur et la souplesse, la rigidité et la chute.
Or le filmage de Guédiguian, et c’est l’une de ses qualités, a toujours été trop souple pour qu’on puisse y introduire du gag avec facilité. Le film manque trop souvent de rythme, d’envolées, singulièrement de folie et de fantaisie, donc, arts qui ne s’inventent pas, qui ne se créent pas de toute pièce sans être soi-même un peu fou et fantasque. Malgré quelques beaux passages – comme la dispute entre une actrice (Anaïs Demoustier) et son metteur en scène-compagnon (Darroussin) –, des idées semble-t-il inédites (ces quelques décors d’appartement en numérique), le film piétine, n’atteint pas à l’émotion que nous avait par exemple procuré le beau Les Neiges du Kilimandjaro.
Mais nul doute que les fans du grand Robert auront à cœur d’aller découvrir cet aspect inhabituel de son univers onirique, fellinien sur les bords.
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