Désormais sur son propre label, le Français chante les poètes enragés. Critique et écoute.
Moi, la poésie, je ne sais pas ce que c’est.” C’est sur cette citation cassante de Ferré que s’ouvre Cristal automatique #1, album consacré à des auteurs qui ne se soucièrent jamais de “compter leurs pieds”, comme le chantait ce même Ferré dans Préface, ni de définir quoi que ce soit, tout épris qu’ils étaient d’une “magie noire” – le mot est ici hurlé par Artaud – destinée à tirer de ses chaînes un langage moribond, car asservi à sa bête fonction sociale.
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Baudelaire, Rimbaud, Genet, Artaud ou Césaire, Babx sait les dire ; il connaît le détachement du voyant, se trouve chez lui parmi les prophètes frappadingues, les suppliciés tout sourire et les têtes fêlées parties en syphilis. Plutôt que d’adapter à la lettre les vers de ces âmes cramées, il en ressuscite la sorcellerie, triture le nerf toujours à vif de ces mots terribles taillés au poignard sur un ciel d’enfer. De sa voix revenue de tout, traînante ou furieuse, il articule les crimes, les gigues du diable, les corps qui se disloquent, toute une baston d’organismes à bout et de noirceurs goguenardes. Et il les pare de maigres oripeaux de piano, de contrebasse et de guitare, ce qu’il fallait à cette radicale et salutaire plongée en poésie.
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