Des mélodies liquides et désinvoltes qui acoquinent la soul music et le rock slacker : Mac DeMarco signe un retour solaire, sans contraintes ni frontières.
Tokyo, Copenhague, Montréal, Paris, New York, Buenos Aires… Pour Mac DeMarco, les années passent et les aéroports se ressemblent. Depuis trois ans, le Canadien enchaîne sans relâche les décalages horaires d’une tournée aussi éternelle que l’immuable bonne humeur qui parcourt chacun de ses concerts.
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Après le succès confidentiel de son groupe de lycée (Makeout Videotape) et celui beaucoup plus global de ses trois albums solo publiés entre 2012 et 2014 (Rock and Roll Night Club, 2 et Salad Days), Mac est déjà de retour avec Another One, un mini-album passionnant d’aisance et de décontraction. Huit nouveaux morceaux qu’il accompagnera évidemment sur les scènes du monde entier, histoire de désamorcer l’impatience démesurée des spectateurs qui espèrent le retour du héros slacker des années 2010.
Une signature musicale qui se précise
Rencontré grâce à la magie virtuelle des communications connectées, le musicien de 25 ans semblait prêt à rejoindre le seul et unique domicile fixe que le succès lui autorise : son siège d’avion.
“En ce moment, je profite enfin d’être au calme, chez moi, à New York. C’est vrai qu’on a pas mal tourné avec le groupe ces dernières années, et c’est parfois difficile de trouver la force de se remotiver pour enchaîner des dates tous les soirs. Mais il me tarde de repartir pour enfin jouer les nouvelles chansons et recommencer un nouveau cycle.”
Malgré les contraintes et le désordre organisationnel qu’elle impose, la vie de tournée n’a pour l’instant pas étanché la soif de mélodies liquides et désinvoltes de Mac DeMarco. Another One en est d’ailleurs la preuve la plus marquante. Et le témoin gracile de la maturité sonique d’un véritable compositeur, trop souvent réduit au simple rôle d’amuseur. Si sur scène DeMarco aime jouer la déconne en orchestrant les pitreries de ses musiciens, sa signature musicale se précise à mesure que sa discographie s’étoffe. Les rageux vous diront que rien ne ressemble plus à une chanson de Mac DeMarco qu’une autre chanson de Mac DeMarco.
Ils auront sans doute raison. Mais leur clairvoyance circonstancielle ne doit pas vous détourner de l’extrême privilège qui consiste à suivre en temps réel l’évolution d’une œuvre aussi riche, personnelle et continue que celle du Canadien. La torpeur moite et sensuelle qui enrobait le souffle de Rock and Roll Night Club a progressivement laissé place à une zone de confort ultra-fraîche où les morceaux, de plus en plus solaires, se répondent d’année en année dans une expression familière.
Des ruptures de rythme innatendues
Pour casser ce qui pourrait commencer à ressembler à une routine, Mac n’a pas hésité à insérer quelques ruptures de rythme inattendues. Comme sur Just to Put Me down et A Heart Like Hers, deux des meilleurs morceaux du presque album dont la structure et les refrains flirtent carrément avec la soul music. Une posture nuancée par le chanteur :
“J’aime le r’n’b. Pete, mon ancien guitariste, était à fond là-dedans, et il a essayé de me convertir. Mais je reste surtout un rock’n’roll kid. Quand on s’est rencontrés, on écoutait énormément Pavement. Et puis, j’ai saigné des gros albums des années 90 comme ceux de Weezer et de Yo La Tengo. Plastic Ono Band, le premier album de John Lennon, est une de mes grosses influences. Tout comme le premier disque du Yellow Magic Orchestra, qui m’a littéralement ouvert les portes de l’utilisation du synthétiseur. Plus récemment, Forever Dolphin Love de Connan Mockasin a été une vraie révélation. Cet album a complètement changé ma façon d’utiliser les effets de guitare. Connan et moi sommes devenus bons amis depuis, j’aime vraiment ce mec.”
https://www.youtube.com/watch?t=35&v=969-nSwSX-4
20 000 dollars pour obtenir sa paire de Vans pourries
Comme sur Salad Days, l’influence de Connan Mockasin sur le jeu de guitare de DeMarco inonde la quasi-totalité d’Another One, collection moins dense mais beaucoup plus addictive que l’album qui l’avait consacré l’année dernière. Face au succès parfois flippant qui peut conduire certains de ses fans à dépenser plus de 20 000 dollars pour s’arracher sa paire de Vans pourries sur internet, Mac DeMarco garde la tête froide :
“Je ne lis pas trop ce qui se dit sur moi sur internet ou dans les magazines. J’essaie de rester détendu, cool et fidèle à la personnalité qui était la mienne quand je traînais entre deux boulots alimentaires à Montréal. J’ai la chance de pouvoir vivre de ma musique confortablement, de sortir des albums et de faire le tour du monde pour en jouer les chansons. Ça a toujours été une sorte de rêve inaccessible quand j’étais ado, donc j’essaie de continuer à faire mon truc le plus longtemps possible.”
Comme pour confirmer la stabilité de son tempérament malgré l’explosion de sa popularité, le dernier morceau d’Another One se termine par un message vocal du chanteur qui indique son adresse exacte à New York, et invite les auditeurs à passer boire le café chez lui. On parie que le premier à frapper à la porte portera des chaussures de skate rouges et trouées.
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