« Dancing at the Blue Lagoon », le nouvel album réjouissant de Cayucas

On conserve encore quelques jolis coups de soleil de Bigfoot, premier album de Zach Yudin, alors seul aux commandes de Cayucas. Bigfoot était un drôle d’objet : comme les premiers disques des Drums, il était une sorte de capsule temporelle dans laquelle une Californie fantasmatique, insouciante, inchangée depuis les fifties, continuait, alanguie sous le soleil, à surfer dans les doux rouleaux que les Beach Boys avaient déjà avalés.

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On sait, depuis Bigfoot et en particulier son démoniaque Cayucos, que Yudin est capable de grands minitubes et de mélodies très collantes. Mais Cayucas a, on le constate dès la très noble ouverture du très plaisant Dancing at the Blue Lagoon, Big Winter Jacket, beaucoup évolué depuis 2013. Yudin est désormais double : son jumeau Ben, avec qui il a longuement tourné, fait désormais partie intégrante du groupe.

Une mélancolie nuageuse, impalpable et touchante

Les morceaux de Dancing at the Blue Lagoon explorent des territoires, musicaux comme sentimentaux, sensiblement plus larges que ceux de Bigfoot. Les Beach Boys restent dans le coin, la Californie demeure l’épicentre – même sur le tropical chaloupé de la délicieuse chanson-titre. Mais pour les guitares saccadées et les cascades rythmiques qui zèbrent certains des titres de l’album (le velouté Moony Eyed Walrus, l’énergique Hella, le très ludique A Shadow in the Dark), on pense instantanément à un Vampire Weekend en bonne forme. On pense aussi parfois à Loney Dear, voire à un Midlake du Pacifique, pour l’aisance avec laquelle une mélancolie nuageuse, impalpable et touchante réussit à se glisser, sous la forme d’arrangements parfois voltigeurs, dans les interstices des mélodies dorées des Américains.

Rien d’absolument transcendant, certes, dans l’album Dancing at the Blue Lagoon. Juste une poignée de chansons, belles ou réjouissantes. Et ce n’est pas rien : c’est même parfois tout.