Seconde peau de l’ancien leader de Late Of The Pier (le surdoué Sam Dust), LA Priest traverse le miroir pour un trip vertigineux. Rencontre, critique et écoute.
Sept ans après l’incandescent Fantasy Black Channel, premier album de Late Of The Pier qui dévoila l’ampleur de son imagination, Sam Dust réapparaît sur les radars de la pop turbulente. Son charisme de leader inspiré et son cerveau bouillonnant nous avait manqués. L’exaltation de découvrir un jeune groupe aussi prometteur, aux idées aussi glorieusement insensées, a laissé place à une immense frustration.
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En pause interminable tout en continuant de se fréquenter, le quatuor a repris du service en 2010 pour un single fulgurant, Blueberry, replongeant aussitôt dans un silence désespérant – et la mort accidentelle de leur batteur en mai dernier anéantissant les espoirs d’un redémarrage.
Aussi electro que r’n’b, aussi funk que pop
Pour suivre la carrière de Sam Dust, il faut s’équiper d’autant de ténacité que d’ouverture d’esprit. Se réjouir des collisions les plus improbables de son ancien groupe, entre rock et electro, entre synthés à la Gary Numan et expériences à la Brian Eno. Accepter le silence radio et son goût pour brouiller les pistes. Ces dernières années, sa bougeotte incessante l’a mené là où on ne l’attendait pas : aux manettes d’un single d’Egyptian Hip Hop, sur scène dans le groupe de son ami Connan Mockasin, ou aux quatre coins du globe, du Groenland (où il s’est mis en tête d’enregistrer pendant des mois des phénomènes électromagnétiques au dictaphone) à la vallée du Lot, en passant par la Nouvelle-Zélande et l’Islande.
Balayant tout risque de tourner en rond, ces zigzags se reflètent dans la musique insaisissable qu’il compose désormais en solo, sous le pseudo de LA Priest. Sur Inji, il donne de l’élasticité et de la souplesse à un son toujours mutant, aussi fasciné par l’electro que par le r’n’b, le funk ou la pop.
“Je crois que je ne crée de la musique que pour pouvoir écouter quelque chose qui n’existe pas, explique l’Anglais. C’est la raison principale. Une fois que j’ai composé ce que j’avais en tête, j’ai déjà envie de passer à autre chose, ce qui explique pourquoi j’ai autant de styles différents.”
On se laisse volontiers porter au gré de ses lubies qui n’ont rien d’un exercice de style. Ici, il est simplement question de refuser l’ennui, la répétition, le confort – pari réussi. C’est en pleine campagne galloise, où il s’est exilé depuis quelques mois, qu’il a mis les touches finales.
“L’idée habituelle d’un album homogène, calibré, me paraît très étrange. Je n’ai pas l’habitude de tout prévoir à l’avance. Je ne sais pas si cet album est vraiment fini. Je commence à le jouer en concert et je continue à étoffer les morceaux sur scène.”
Perfectionner ses sortilèges
Cet esprit fantasque et insatiable ne peut pas s’empêcher de perfectionner des sortilèges qui ont déjà conquis nos oreilles et nos yeux, comme le vaporeux Oino et son clip hypnotique, tourné au Maroc.
Depuis 2010, Connan Mockasin et lui évoquent un projet de collaboration en studio. Sur scène, leur alchimie évidente a déjà donné naissance à une nouvelle composition éblouissante, Lizard, qui laisse présager le meilleur. “Elle sera sur notre disque, promet Sam. C’était l’un des points de départ, et elle a donné le ton pour la suite. Il y a beaucoup de profondeur sur cet album, une idée de cohésion plus forte que ce que j’ai pu faire par le passé. On l’a presque terminé, mais je ne sais pas exactement quand il sortira, peut-être en fin d’année.”
On trépigne déjà d’impatience d’entendre cet album commun qui s’annonce hors du commun.
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