Le nouvel album spartiate et congelé de la jeune Suédoise rappelle la magique Stina Nordenstam : saisissant. Critique et écoute.
Une jeune femme, Linn Osterberg, qui a grandi à Göteborg. Certes pas la plus polaire des cités scandinaves, pas vraiment les tropiques non plus. Une Intro brumeuse et glaçante comme le contact avec un spectre éploré. Un album court, cinglant, que la Suédoise a intitulé “Etoiles désolées”. Des chansons qu’elle a écrites et enregistrées en âme solitaire dans sa chambre – on imagine une chambre froide ou une cave obscure plutôt que la chaleur cosy d’un refuge moelleux. Le décor, évident, est posé : il n’est pas ici question de lambada multicolore mais de folk congelé, et il faudra pénétrer cet hiver nucléaire en parka, avec des moufles et sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger plus encore l’intimité glaçante qu’Osterberg y dévoile.
Sea Lion est régulièrement comparée à une Cat Power des abysses. La voix de velours noir de Mazzy Star, Hope Sandoval, est également régulièrement mentionnée. Littéralement saisi par cette voix minuscule, ce souffle transi, ce chant posé commeun flocon translucide et cristallin sur des morceaux faméliques, spartiates, éthérés, si fragiles qu’ils semblent pouvoir s’évanouir à chaque note, on songe quant à nous à sa merveilleuse, discrète et adorée compatriote Stina Nordenstam : peut-être le meilleur compliment que l’on puisse faire à Desolate Stars.