La situation et les violences policières observées à Calais ne font guère honneur à la France. Bien loin du discours humaniste d’Emmanuel Macron aux Nations unies il y a moins de six mois.
Vous vous souvenez de Kouamé ? C’était le 19 septembre 2017, aux Nations unies, à New York. Pour son premier discours à l’ONU, le président de la République fraîchement élu Emmanuel Macron faisait montre d’un humanisme XXL en choisissant d’énumérer certaines des rencontres qui avaient fait de lui le leader et surtout l’homme qu’il était. Des personnes qui avaient taillé ses convictions dans le bronze ou l’airain – c’est selon.
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Parmi celles et ceux qui avaient bouleversé la vision de l’homme Emmanuel Macron, il y avait cet autre homme, qui n’était, étrangement, qu’un prénom : Kouamé. On réécoute : “J’ai entendu aussi Kouamé, et c’est sa voix que je veux ici porter. Jeté sur les routes, il a traversé l’Afrique avant de remettre son sort en Libye entre les mains de passeurs. Il a traversé la Méditerranée, il est parvenu à bon port, quand tant d’autres périssaient en mer. Le réfugié, le déplacé, ou celui qu’on appelle tristement le ‘migrant’, est en réalité devenu le symbole de notre époque. Le symbole d’un monde où aucune barrière ne pourra s’opposer à la marche du désespoir, si nous ne transformons pas les routes de la nécessité en route de la liberté.” Sublime, non ?
Aujourd’hui, il se pourrait bien que l’homme que l’on nomme Kouamé (tant son identité semble floue) ait cheminé jusqu’à Calais, pour peut-être essayer de se rendre en Angleterre. Il se pourrait que le même Kouamé ait été victime des violences des forces de l’ordre françaises. Evidemment, la situation de Calais – c’est ce que vous lirez dans le reportage qu’y a réalisé notre journaliste Pierre Bafoil – est d’une complexité absurde.
La France, Michel Rocard et la misère du monde
Evidemment aussi, Calais a préexisté à la gouvernance d’Emmanuel Macron. Mais les mots ont une force, une symbolique, et dans ceux prononcés par le Président à New York en septembre 2017, on ne retrouve rien de la France de Calais en février 2018.
Entre les deux, à peine cinq mois. On sait l’admiration portée par Emmanuel Macron à Michel Rocard, qui un jour aurait dit : “La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit y prendre sa part.” Aujourd’hui encore, des spécialistes de l’exégèse socialiste se battent sur le “y prendre sa part” prononcé ou non par Rocard. Peu importe, ce que nous voudrions surtout, aujourd’hui, c’est que la France et les Français n’aient pas à prendre honte. Et principalement aux yeux de Kouamé.
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