…et opte en grand format pour une pop irisée par les machines. Critique et écoute.
Un passage à l’âge adulte et une maternité plus tard, Béatrice Martin interrompt en une dizaine de chansons et une noria de bonus un silence discographique de quatre ans, si l’on excepte son travail pour la série Trauma et autres musiques à programme. Roses, troisième album en studio de la Québécoise, constitue en coulisses rien moins qu’une aventure en solitaire, grâce en particulier à la participation d’un trio de producteurs dorés sur tranche (le batteur de PJ Harvey Rob Ellis, Björn Yttling en vacances de Peter Björn And John, et l’ingénieur et producteur de Metronomy Ash Workman).
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En front de scène, la chanteuse presque trentenaire se voue très majoritairement à des refrains en anglais (partant ainsi à la conquête des Amériques) et à des mélodies un peu faciles, très addictives et franchement pop. L’album agit ainsi comme une synthèse boulimique de tous les genres et couleurs, de l’electro-pop ou du rock, et jusqu’à un rap dispensable, en duo avec l’insupportable Allan Kingdom. La continuité de l’œuvre (au risque d’une certaine redite) est célébrée, en français dans le texte, en particulier grâce à un chant acidulé hérité des années lolitesques, et de fragments d’un discours amoureux en cavalcade romantique.
https://www.youtube.com/watch?v=9p-9U53txWQ
Mais la révolution culturelle de Cœur De Pirate s’opère bien davantage lorsqu’elle s’abandonne à la technologie de studio, entre basse tellurique et cuivres synthétiques et crépusculaires, et pose sur ce background vorace des mots de spéculation (la mère, et comment faire avec) et de conquête (de son indépendance, et de l’amour vrai), ainsi que, de son propre aveu, de peurs, de combats et d’anxiétés.
Grâce à la puissance de son inspiration et ses multiples prises de risque, elle s’engage dans l’âge de raison sans être fondamentalement raisonnable, et s’impose comme la nièce de Carole King et la petite sœur de Lana Del Rey.
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