Après avoir écumé les scènes et les concours de découvertes, le groupe niçois publie son premier long format. Rencontre, critique et écoute.
« Parmi nos maquettes, dès qu’un morceau ressemble à un autre ou dès qu’il nous fait penser à un groupe ou un artiste en particulier, on le met à la poubelle.” Santa, la chanteuse de Hyphen Hyphen, n’y va pas par quatre chemins pour expliquer les choix de son groupe. Une façon de faire et de penser qui, dès 2011, posait les bases d’un vent frais dans la pop française – c’était avant Fauve, La Femme et Griefjoy (ex-Quadricolor).
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Comme ces derniers, les membres de Hyphen Hyphen viennent de Nice, chantent en anglais et ne semblent pas trop se préoccuper des appartenances scéniques locales. La pop, ici, est un langage universel dont la grammaire s’apprend sur internet. Santa :
« Avant, les gens s’influençaient les uns les autres car ils cohabitaient, ils se connaissaient vraiment. Avec YouTube, tu peux faire des grands écarts en quelques clics, sans influences proches. Les nôtres sont très lointaines : on considère la pop dans son sens le plus large.”
Quatre ans de concours et de tournées sans fin
A l’heure du premier album, il a fallu à Santa, Adam, Line et Zaccharie la force de prendre de la distance avec l’expérience acquise. Car depuis 2011, même sans album, les jeunes Niçois ont su provoquer les promesses du milieu musical (concours Adami, Fair, Printemps de Bourges…) ainsi que les tournées sans fin, avec des passages dans les plus grands festivals (Rock en Seine, Eurockéennes, Solidays…).
En quatre ans, Hyphen Hyphen a eu le temps de s’amuser, de se faire connaître, de progresser sur scène, mais pas vraiment de se dévoiler comme groupe porteur de chansons.
“Quand on a commencé, on sortait tout juste du lycée. A l’époque, à part crier et sauter partout, on ne savait pas faire grand-chose… On a donc pris le temps de faire évoluer le groupe, on ne voulait pas griller les étapes. Depuis, on a fait plus de deux cents dates. Et puis il a fallu s’arrêter un moment pour composer et trouver quelque chose à dire sur l’album. On a appris à s’apprivoiser, à canaliser notre énergie, à s’affranchir de nos influences premières.”
https://www.youtube.com/watch?v=P7Az11pFcfE
Des morceaux tubesques et pensés comme tels
Le résultat, c’est Times, un premier album épais, ambitieux, gonflé de morceaux tubesques et pensés comme tels. Avant, Hyphen Hyphen était une réserve d’énergie scénique sans fin – mais peut-être sans finalité. Aujourd’hui, le groupe a su contenir ses pulsions pour les mettre au service d’un songwriting pop racé, où l’efficacité s’exprime non pas dans la performance vocale, mais dans la capacité à créer de l’émotion.
“Si cet album était un film, ce serait une sorte de blockbuster entre E.T. et Tarantino”, résume Santa. L’écoute de Just Need Your Love, The Fear Is Blue ou encore Please Me ne contredit pas l’idée. Et si certains morceaux flairent un peu la normalisation FM (on croit parfois entendre Florence & The Machine), d’autres font preuve d’assez de bizarrerie pour retenir l’attention et ouvrir quelques pistes : le vocoder sans complexe de I See Myself, à lui seul, promet un avenir radieux à Hyphen Hyphen.
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