Un septennat de silence n’a pas entamé la quête d’extase du groupe de Buffalo. Ni effacé ses tendances diabétiques. Critique.
Depuis Deserter’s Songs, son foudroyant chef-d’œuvre du siècle dernier, Mercury Rev n’a fait que décevoir. Aussi le groupe avait-il jugé plus sage d’interrompre sa lente glissade vers une espèce de prog-pop très riche en saccharine – mais pauvre en songwriting – en fermant le robinet à guimauve après Snowflake Midnight, en 2008.
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Lâchés entre-temps par leur cinquième homme (le producteur Dave Fridmann, occupé à des fourneaux plus lucratifs), les ermites des Catskill Mountains ont donc dû se stimuler seuls pour entreprendre un nouveau voyage onirique dont les étapes se nomment The Queen of Swans (très beau sésame de l’album), Autumn’s in the Air ou encore Sunflower (ignoble verrue qui ressemble à du Matt Bianco). Bref, on n’est pas chez Metallica, ce qui n’est pas gênant, mais on n’est pas non plus chez le Mercury Rev gorgé de sève rare d’il y a quinze ans.
Les poppy et bien troussés Are You Ready? ou Coming up for Air compensent à point nommé les tendances fâcheuses de ce groupe autrefois si cinglant, voire franchement vipérin, à reprendre trois fois des loukoums (Moth Light) et à s’endormir dans la confiserie. On sait que Jonathan Donahue, le chanteur un peu flippant de Mercury Rev, ne s’est jamais remis de la vision de Fantasia et qu’il tente depuis longtemps d’approcher les étoiles Disney (il n’est pas loin d’y parvenir ici avec Amelie), mais le suivre aussi loin dans cette quête étrange n’est pas toujours raisonnable pour notre taux de triglycérides.
Le conte de Noël de Central Park East présente par exemple tous les atours d’un grand œuvre, mais une fois cette longue fresque passée on n’en retient presque rien sinon des lourdeurs dans l’estomac. Au prix de quelques pics vraiment vertigineux et qui méritent l’ascension, il faut donc se payer aussi pas mal de décors en carton-pâte et de trompe-l’œil, où le désir de “faire du beau” clignote très fort, mais pas assez pour qu’on s’y laisse prendre aveuglément.
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