Révélé par RoboCop puis consacré par Suicide Squad et la série The Killing, l’acteur américano-suédois apporte à la fois sa présence physique et son fond mélancolique au personnage principal de la nouvelle série SF de Netflix.
Avant d’être la star d’Altered Carbon, Joel Kinnaman aura dû lutter pour briller dans la catégorie poids lourds des acteurs alliant jolis traits et muscles dessinés. Et ses rivaux à gueule d’ange montée sur cou de taureau ne manquent pas : Chris Pratt, Chris Evans, Henry Cavill, Chris Hemsworth, Tom Hardy…
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C’est justement face à ces deux derniers que Joel Kinnaman connut les deux pires désillusions de sa carrière. Pressenti pour interpréter les rôles principaux de Thor (2011) puis de Mad Max: Fury Road (2015), l’Américano-Suédois au regard ambré et au bouc soigné en est écarté au dernier moment au profit de l’Australien puis du Britannique.
Né à Stockholm, Joel Kinnaman grandit dans un environnement plus hippie qu’artistique. Son père, GI fuyant la guerre du Vietnam qu’il a désertée, rencontre sa mère lors d’une manifestation antiguerre en Suède. Bien qu’il connaisse sa première expérience de jeu à 10 ans, ce n’est que plus tard qu’il repensera au métier d’acteur et qu’il sera un beau jour accepté dans une école de comédie.
Atterrissage à Los Angeles
“Ce moment a changé ma vie. C’était comme si je me révélais à moi-même pour la première fois. J’étais très éparpillé et excessif plus jeune, je sortais et me droguais trop. Je n’avais aucune formation et, quand j’ai découvert ce métier, je me suis dit que je pourrais enfin être bon à quelque chose. Mais cela semblait impossible étant donné que seuls dix élus étaient reçus dans cette école chaque année sur plus de deux cents candidats.”
Il est véritablement révélé au grand public en 2010 avec le thriller suédois Easy Money de Daniel Espinosa. Ce rôle d’ex-étudiant en école de commerce qui s’acoquine avec des parrains de la drogue lui donne les ailes nécessaires pour rallier L.A. : “J’adore Los Angeles mais j’ai mis du temps à m’y acclimater. A présent, je vis à Venice, un quartier de plagistes, bien plus décontracté qu’Hollywood.” Un goût pour le chill perceptible au contact d’un acteur aussi physiquement impressionnant que jovial. Répondant avec entrain à chacune des questions, il profite de chaque pause pour étirer son mètre 89 et observer les rues de Paris.
Il brille aussi à la télévision en ténébreux détective dans The Killing et en adversaire de Frank Underwood dans House of Cards
Autant aficionado de films d’action que de films d’auteur (il maîtrise son Bergman), il monte progressivement en gamme avec Lola Versus (2012), une comédie romantique où il incarne le petit ami de Greta Gerwig, puis avec le remake du (déjà) cyberpunk RoboCop par José Padilha (2014), dans lequel il obtient son premier grand rôle hollywoodien. Après une discrète participation à Knight of Cups de Terrence Malick vient enfin le blockbuster de la consécration, Suicide Squad (2016), où il incarne le Colonel Rick Flag… après le désistement d’un certain Tom Hardy. En parallèle, il brille aussi à la télévision en ténébreux détective dans The Killing et en adversaire de Frank Underwood dans House of Cards.
Autant de rôles qui l’amènent à être un jour directement contacté par Netflix. A la recherche de la star de sa future série à gros budget, la major offre à l’acteur de 38 ans un temps de préparation inédit : “Pendant six mois, je me suis entraîné cinq heures par jour. Je faisais de la gymnastique et des arts martiaux pour pouvoir réaliser toutes mes cascades moi-même.”
“Le transhumanisme est inéluctable”
Fan de Blade Runner, l’acteur est impressionné par les moyens mis à disposition de la production du show de science-fiction : “J’ai fait quelques gros films mais je n’avais jamais vu ça avant. Le plateau d’Altered Carbon occupait la surface de trois terrains de football. C’était une vraie petite ville, sur trois niveaux, avec des ponts, des appartements, des restaurants de noodles où les gens faisaient véritablement à manger, des marchands de rue, 450 figurants grouillant de partout, et tout cela sous une pluie artificielle. L’immersion était totale.”
Son personnage de Kovacs, intuitif enquêteur et imbattable guerrier capable de voyager d’un corps à l’autre, a la particularité d’être interprété par trois acteurs différents : “J’avais l’avantage d’avoir la priorité. Les deux autres acteurs qui jouent Kovacs se sont inspirés de mes manières, de ma façon de parler et de bouger pour rendre le transfert de personnalité crédible.”
Pari réussi puisque son éternel vague à l’âme mêlé d’une opiniâtre pulsion de survie se retrouve quelle que soit l’enveloppe du héros. Quant à l’inquiétante vision de la technologie fusionnée à l’humain qui se dégage d’Altered Carbon, il estime “qu’elle pourrait très bien devenir concrète plus vite qu’on ne le pense. Le transhumanisme est inéluctable, il est déjà en marche”.
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