En deuil, le producteur répond par une bass music froidement intelligente, sa meilleure en date. Critique.
Comment signifier la perte, l’absence, le néant en electro ? La question a pris un sens particulièrement lourd après la nuit du 13 novembre, et elle est au cœur de Nothing. C’est le premier lp de Kode9 depuis les décès, l’année dernière, de son fidèle collaborateur The Spaceape et de son proche confrère DJ Rashad. En réaction, l’Ecossais a choisi le repli émotionnel et il en résulte une œuvre dévitalisée, d’une netteté tranchante, peut-être sa plus fascinante.
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C’est une digestion implacable de tous les courants représentés par le label Hyperdub dont il est à la tête, qui se retrouvent ingénieusement agencés dans cet espace sans oxygène. Les beats de footwork gigotent certes, mais comme vidés de leur groove, ou plombés par une marche funèbre (9 Drones). Nothing entend surtout figurer le vide laissé par d’autres, avec une approche clinique et un matériau glacial, mais aussi beaucoup d’intelligence et une grande élégance de sentiments.
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