C’est la rentrée, on a tous besoin de munitions : petite sélection des disques qui, en ce moment, s’usent dans les platines et s’incrustent dans les coeurs de la rédaction des Inrocks. Mais au fait, vous, vous écoutez quoi ?
THOMAS BURGEL
The Dodos Time to Die
Johanna Seban témoigne un peu plus bas de mon obsession, mais elle pousse un peu : elle aussi chante avec des étoiles dans les yeux la merveilleuses Fables. Comme le précédent Visiter, en plus lisse mais pas moins risqué, Time to Die risque de nous accompagner encore quelques mois. Jusqu’au prochain, quoi.
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Fuck Buttons Tarot Sport
Un premier single, Surf Solar, qui restera sans doute comme l’un des meilleurs morceaux de l’année, le reste de l’album est à l’avenant : on aimerait pouvoir doubler le volume de l’iPod pour s’assourdir définitivement dans le séisme sonique Fuck Buttons, entre Mogwai et Boards of Canada, entre Animal Collective et les rythmes robotiques des métropoles métalliques.
Health Get Color
On a décidément besoin de bruit, à la rentrée : comme le Fuck Buttons ci-dessus, on n’écoutera pas Get Color de Health sans protège-tibias, sans casque de football US, sans camisole de force : Health, pour résumer, c’est Math Bloody Valentine, des morceaux acides, tordus, d’une violence extraordinaire –et, sous les entailles sanglantes, d’une beauté effarante.
Le Loup Family
Le précédent album de(s) l’Américain(s) était le plus propice des terrains pour embrasser une Morphée cauchemardesque, sa suite prend le chemin inverse : en pleine lumière, éclatante, Family déroule morceau après morceau des paysages grandioses, mélodiquement épiphaniques, qui trimballent leur auditeur dans des rêves pleins de fleurs –parfois venimeuses. On vous aime bien, les Fleet Foxes, mais vous pouvez retourner au terrier.
Smiths Westerns Smiths Westerns
Un tube, c’est joli, un tube en platine, c’est chouette, mais plongé dans l’acide chlorhydrique, c’est mieux : les Américains ont avec leur premier album engendré une série de morceaux formidables, ronds et tordus ou excités du bulbe et crasses, qui donnent définitivement envie de s’expatrier dans leur pays drogué.
CHRISTOPHE CONTE
Benjamin Biolay La Superbe
Comme le Port Salut, c’est écrit dessus ! Superbe double album de BB qui a le mérite de s’écouter comme un film. Vingt-deux scènes poignantes et plusieurs scènes de cul en prime. Aurait pu d’intituler Sublime.
Richard Hawley Truelove’s gutter
Le retour de mon chanteur préféré, le plus grand crooner crépusculaire après Scott Walker. Moins immédiatement accrocheur que les deux précédents, sa découverte plus longue et plus exigeante n’en reste pas moins excitante.
Sondre Lerche I guess It’s gonna rain today
Une chanson absolument mirifique extraite du nouvel album de ce minot Norvégien. Aussi beau que du Colin Blunstone ou du Macca. Le reste de l’album Heatbeat radio est bien aussi.
Gary Higgins Seconds
Le second album inespéré d’un grand folk singer déviant, enregistré trente-cinq ans après le monumental Red Hash ! Certains musiciens de l’époque sont revenus y faire un tour, pour un résultat certes moins éblouissant mais pas du tout indigne.
The Feelies Crazy Rhythms
Attendue depuis des lustres, la réédition du premier album de ces pois sauteurs du New Jersey. Un grand moment d’affolement juvénile et jubilatoire qui n’a pas vieilli d’un pouce et continue d’exercer une influence considérable.
JULIEN COQUET
She Keeps Bees Nest
Un duo mixte, encore un. Mais cette fois rien à voir avec The White Stripes ou même The Kills, ou si peu. Jessica Larabee délivre un blues rock sous sa frange à la Cat Power, guidé par une voix dans la lignée de PJ Harvey, et au final une belle leçon d’humilité à tous les combos minimalistes des temps qui courent.
The Phenomenal Handclap Band The Phenomenal Handclap Band
The Phenomenal Handclap Band se révèle être un élément essentiel aux dimanche après-midi qui laissent les doigts de pied en éventail. Une bonne dose de funk saupoudrée de hip-hop, de disco, de rock psyché, et des rythmes enjoués et chiadés de la part des sidemen d’Amy Winehouse, de John Spencer et du bassiste de TV On The Radio.
Busdriver Jhelli Beam
Le rappeur supersonique confirme avec Jhelli Beam qu’il tient encore le haut du pavé du hip-hop expérimental. Sa reprise de la marche turque repousse les limites du flow, et il introduit le non-sense dans un genre musical habituellement ultra-codifié et verrouillé. Si vous avez besoin d’un serrurier, Busdriver est là pour faire sauter les cadenas.
The Flaming Lips Embryonic
Bon ok, on ne peut l’écouter que via un widget, mais il n’empêche que le nouvel album de The Flaming Lips est magnifique. Doté d’une ambiance surréaliste qui n’a rien a envier aux précédentes œuvres de la bande de l’Oklahoma, c’est dans l’extase la plus totale qu’on se repasse Embryonic en boucle.
Smith Western Smith Western
Ces sales gosses de Chicago se sont échinés à faire déborder leur nouvel album éponyme de rock psyché enrobé de fuzz. A priori, on redoute le commun étouffe-chrétien, la raideur de l’œsophage et la dilatation de la rate : passée cette appréhension infondée, c’est goulûment que l’on se délecte de cette galette psychédélique et crasse.
STEPHANE DESCHAMPS
Hawaiian Nisei Songs A Musical Cocktail of Japanese American Songs in 1950’s Hawaii
Tout est dans le titre : de l’exotica enregistrée dans les années 50 par des Japonais émigrés à Hawaï. Des chansons d’une légèreté, d’une élégance et d’une désuétude délicieuses. A ceux qui nous reprochent de penser que c’était mieux avant, on répondra qu’en plus, c’était mieux ailleurs. Aloha !
The Feelies Crazy Rhythms
Tant d’inconnu, de peur, de découverte, de transe intime et de plaisir mêlés dans le premier album (enfin réédité) des Feelies. De la musique jouée comme une première éjaculation, qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd : souvent copiés, jamais égalés, les Feelies ont inventé le rock indé.
Seasick Steve Man From Another Time
Il porte la barbe et une chemise à carreaux, mais il ne joue pas dans les Fleet Foxes : le vieux Seasick Steve est de retour avec un troisième album de folk-blues désossé, sans doute son meilleur.
The Jim Jones Revue Here To Save Your Soul
The Jim Jones Revue est actuellement le meilleur groupe du monde de rock’n’roll. Here To Save Your Soul n’est pas leur nouvel album, mais une compil de singles, qui permet de (re)découvrir quatre faces B furieusement indispensables.
Castanets Texas Rose The Thaw & The Beasts
Chantres du folk psyché (oui, ils portent des barbes et des chemises à carreaux), les Castanets ont découvert l’apesanteur sur leur nouvel album. Sur la lune, ils marchent dans les pas de Sparklehorse ou Grandaddy, et c’est beau.
RICHARD ROBERT
Silvain Vanot Bethesda
Après sept ans de belles moissons instrumentales (pour le cinéma, Mareva Galanter, etc.), Silvain Vanot creuse à nouveau le sillon de la chanson. Les fats plaisantins qui le présentaient comme l’incarnation de la lose à la française peuvent ravaler leurs rires gras : portées par un groupe de rêve (John Greaves, Renaud Gabriel Pion, Iain Templeton…), la voix et la plume de Vanot planent aujourd’hui au-dessus des partis et autres coteries qui composent le paysage musical bien de chez nous. Une vision de la réussite qui nous va.
Fránçois & The Atlas Mountains Plaine Inondable & Her Rivers Raves Recollections
Charentais exilé depuis plusieurs années à Bristol, Fránçois Marry produit en artisan des disques pop non alignés, modelés par l’action joliment hasardeuse de ses désirs musicaux (très variés) et des partenaires qu’il rencontre au gré de ses divagations. Complété par un CD-R sorti chez Another Record (Her Rivers Raves Recollections), Plaine inondable est vivement recommandé à tous ceux qui apprécient l’esprit modeste et savant des œuvres de Jesse Vernon (Morning Star) ou de Julien Ribot.
Arnaud Fleurent-Didier La Reproduction
De ce disque annoncé pour la fin de l’année, on n’a goûté qu’une infime part – notamment le titre France Culture, écoutable sur YouTube. Mais parce que son auteur a sorti jadis un chef-d’œuvre de pop grand format (Portrait du jeune homme en artiste), on est déjà prêt à sortir la brouette à superlatifs. Alors voilà : Arnaud Fleurent-Didier est tout simplement le plus grand auteur, compositeur et arrangeur en activité dans ce pays. Les branchagas peuvent se pignoler autant qu’ils veulent sur Sébastien Tellier : nous, c’est chez ce garçon-là qu’on trouve le grand frisson.
Volcano Choir Unmap
Ceux qui, comme moi, n’auraient été que très modérément bouleversés par le songwriter des bois Justin Vernon, aka Bon Iver, trouveront ici une bonne occasion de réviser leur jugement sur le bonhomme. Dans ce side project enregistré avec des potes du Wisconsin, l’Américain déchire sa chemise à carreaux de bon disciple youngien et chausse les bottes de sept lieues d’un véritable aventurier du son et du chant, capable de relier en une foulée les hauteurs éthérées des Fleet Foxes et l’univers hypnotique de Steve Reich.
Pascal Comelade A Freak Serenade
Révolution avec ce nouvel album du Catalan, qui abandonne son piano et ses instruments-jouets pour signer un brûlot d’electro-rock psychédélique mâtiné de hip-hop et d’afro-beat… Non, on rigole. Comelade ne change rien à sa musique de bal déviante, toujours imbibée de rock’n’roll, de musiques répétitives, de sardane, de valse, de tango ou de habanera, et c’est précisément ce qu’on aime entendre dans ses disques : l’opiniâtreté joueuse avec laquelle cet homme butine son bouquet de références, pour en tirer un miel sonore dont lui seul connaît la formule secrète.
JOHANNA SEBAN
Noah and the Whale The First Days of Spring
Somptueux deuxième album des trop méconnus Anglais : mélancolique et chic.
JP Nataf Clair
Très attendu, le retour du Français est tout simplement formidable.
Hypnotic Brass Ensemble Hypnotic Brass Ensemble
Huit frères, Chicago, des cuivres : c’est la fête des trompettes comme dirait Mathieu Boogaerts.
Kings of Convenience Declaration of Dependence
Modestes et raffinées, les folk-songs des Norvégiens continuent de proposer l’antidote idéal au bling-bling.
The Dodos Time to Die
Etant assise à côté de Thomas Burgel huit heures par jour, je n’ai pas vraiment le choix.
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