Tels des déchets nucléaires que l’on pensait enfouis, les affaires politiques resurgissent avec la force d’un retour de refoulé. Notre bonne vieille droite bonaparto-gaulliste serait-elle en voie de pourrissement terminal ?
Après l’affaire Polanski, la réapparition en une de Boulin, Villepin, Pasqua et Chirac montre que la justice est une institution à respiration lente. Tels des déchets nucléaires que l’on pensait enfouis, les affaires politiques resurgissent avec la force d’un retour de refoulé. La Ve République joue un remake du Thriller de Jackson/Landis, avec le suicide – ou assassinat – d’un ministre, les listings Clearstream, la Françafrique et les emplois fictifs de la Mairie de Paris dans le rôle des zombies revenant hanter ceux qui ont détourné la puissance publique à des fins personnelles.
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Notre bonne vieille droite bonaparto-gaulliste serait-elle en voie de pourrissement terminal ? Elle a pourtant toujours tenté de se refaire une virginité de surface, passant de RPF en UDR, puis de RPR en UMP, quand en face, PC et PS ne bougeaient pas d’une lettre. Mais les acronymes ont beau changer, la réalité demeure. Face à ces cloaques éclaboussant d’anciens président et ministres, on pourrait halluciner un Nicolas Sarkozy, “candidat de la rupture”, en chevalier blanc de la Ve République. Ce serait oublier que notre président, plus Bonaparte que de Gaulle, est un enfant de la droite d’après-guerre et en porte l’ADN.
Certes, Sarkozy n’a jamais été poursuivi par la justice. Mais sa tendance à prendre la France pour son patrimoine privé vient d’éclater avec l’affaire de la Défense. Il s’est aussi constitué partie civile dans un procès en tant que président en exercice, une première, et s’est permis de “confondre” devant les caméras “prévenu” et “coupable” – fortiche de la part du garant de nos institutions. Et que lit-on dans l’ordonnance de la juge d’instruction Xavière Simeoni renvoyant Chirac en correctionnelle ? La cellule corrézienne de l’Hôtel de Ville occupée à préparer les présidentielles de 1995, mais rémunérée par le contribuable parisien, était détachée auprès d’une association (Réussir l’an 2000) dont le secrétaire général était, oui, Nicolas, pas encore Ier.
Quant à Xavière Simeoni, intègre fonctionnaire de justice qui envoie bouler le parquet avec un argumentaire de 215 pages, elle nous rappelle que toutes les Xavière ne rédigent pas des rapports bidons grassement payés (ah, les Tibéri, encore la Mairie de Paris et le RPR !) et éclaire en creux la réforme sarkozienne qui vise à supprimer le juge d’instruction. Si une telle réforme passe, le renvoi de Chirac sonnera comme l’ultime baroud d’honneur d’une justice indépendante. Loin de Landis, Montesquieu sera alors un mort bien mort qui n’aura plus qu’à se retourner dans sa tombe et constater que la vraie rupture de Sarkozy se sera faite aux dépends de la séparation des pouvoirs et de l’esprit des lois.
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