Coup de frais sur la rentrée avec la nouvelle série ado et musicale du créateur de Nip/Tuck.
Comment ça, encore une histoire de jeunes rêveurs portés sur la musique dans un lycée ? Un nouveau teen-show surfant sans vergogne sur la vague American Idol (la Nouvelle Star US), High School Musical et autres néo- Grease ? Vue comme ça, l’arrivée de Glee dans le line-up des séries de rentrée (après diffusion du pilote au mois de mai, allez comprendre) peut faire légèrement froid dans le dos. Mais jouer au snob serait une erreur, tant l’étrange mélange qui constitue la série vaut le détour.
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Certes, Glee (que l’on peut traduire bêtement par “La Chorale”) raconte la formation de ladite chorale dans un lycée paumé de l’Ohio, régi, comme tous les autres établissements des Etats-Unis, par des castes qui voient s’affronter sportifs, pom pom girls et perdants magnifiques du jeu social. La structure du récit adolescent façonne sans surprise chaque épisode. Mais on sait depuis longtemps que sous les teen-movies se cachent d’improbables histoires, parfois miraculeuses.
C’est sous la surface qu’il faut chercher la singularité de Glee, plus précisément dans la personnalité de son cocréateur, Ryan Murphy. Les amateurs de séries ont deux mots à la bouche devant ce nom : Nip/Tuck. Le succès de sa série bling-bling dépressive a offert une marge de manoeuvre assez faramineuse à ce garçon délicat, qui peut aujourd’hui se permettre, comme peu d’autres scénaristes à Hollywood, de glisser en creux ses obsessions d’auteur dans un spectacle mainstream.
Alors que Glee est diffusée sur la Fox, Ryan Murphy semble s’amuser comme un fou à tourner autour des conventions du genre. Comme c’est de plus en plus le cas depuis le règne de Judd Apatow, les freaks et les geeks vont ici prendre le pouvoir au détriment des gros lourds musclés. Mais le rêve de Ryan Murphy (qui s’était essayé à la série ado avec Popular au début de la décennie) est encore plus décalé, plus transgenre évidemment. En invitant dans sa chorale l’un des meilleurs joueurs de foot US du lycée, il tente de réaliser ici la fusion parfaite. Un jeune homme à la voix qui swingue dans un corps d’athlète macho, le résultat est assez beau.
Et la musique, au fait ? Pour être honnête, il ne faut pas s’attendre à voir débarquer les Fleet Foxes en invités spéciaux. Dans les nombreuses séquences musicales qui ponctuent chaque épisode, on entend avant tout des classiques de la variété (un album de chansons originales de la série devrait sortir à la fin de l’automne, après le succès de deux premiers singles énergiques mais pleins de soupe.) Quant à la façon dont ces numéros sont filmés, en bon spectateur de comédies musicales, Ryan Murphy ne fait pas le malin et la joue sobre. On pourrait aussi appeler cela un manque d’inspiration, ce serait exagéré. Dans la folie des séries à concept qui inondent cette rentrée télé, la fraîcheur de quelques ados chantant à tue tête leur mal-être a quelque chose de réellement émouvant.
Glee, chaque mercredi sur Fox.
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