Après un an d’existence, le 104, nouvel établissement artistique de la Ville de Paris, qui se définit comme un anti-musée où le public vit en direct la création, a réussi son pari.
La question revient souvent comme un reproche à peine voilé… Après un an d’existence, que se trame-t-il donc au 104, le nouvel établissement artistique de la Ville de Paris, sis dans les anciens locaux des Pompes funèbres ? Lieu de résidence dédié aux créations et aux travaux en cours d’artistes internationaux de toutes disciplines, le 104 affiche pourtant complet à l’année. Et ceci dans un mélange des genres qui donne autant de place à de parfaits inconnus qu’à des pointures comme Tricky, Zoxea, Christophe Honoré, Nicolas Klotz, Lech Kowalski ou le très secret Claude Régy…
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“Ici, le public rencontre les artistes dans les ateliers, il assiste et participe ainsi à la création d’une œuvre : pièce de théâtre, album de musique, BD, conception design, roman ou essai philosophique, documentaire, chorégraphie, jardin…”, rappellent Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, metteurs en scène et fondateurs du 104. Et c’est peut-être l’intime de ce principe, celui d’un “anti-musée”, d’un parcours de work in progress, qui énerve tant. Ce concept sans équivalent connu, prototype se définissant en creux, tourne le dos au rapport ordinaire à la création artistique, communément circonscrite à la seule monstration des œuvres.
A rebrousse-poil des autres institutions culturelles, ce qui se partage là, ce sont des questionnements… Pour ses directeurs, le 104 est “un espace de résistance où l’on met en avant le plaisir de la démarche. C’est aussi un lieu où l’on freine, où l’on fait du quotidien l’événement en combattant l’idée ou la crainte du désenchantement d’oser côtoyer l’artiste au travail”.
Autre enjeu, l’implantation du prototype 104 dans un quartier du XIXe arrondissement enclavé entre cités, hangars et voies ferrées, un bout du monde où l’on pense d’abord que les gens ont besoin d’autre chose que de culture. Après deux ans de travaux et un an d’activité, les directeurs revendiquent un premier bilan : 40 % du public habite le quartier ou le XVIIIe arrondissement et fréquente aussi la librairie, la Maison des petits, les boutiques, le Cinq, ces ateliers à louer 2 euros de l’heure pour les artistes amateurs…
Arrivés au terme d’un mandat qu’ils souhaitent voir reconduit, Robert Cantarella et Frédéric Fisbach constatent que “si la greffe a pris, c’est bien que cette histoire n’est pas tout à fait délirante, bien qu’elle demande une énergie énorme pour se réclamer d’une invisibilité presque aussi grande”. Ils prévoient aussi d’autres développements, comme celui d’une école libre.
Mais le 104 innove : subventionné par la Ville de Paris, il génère 20 % de son budget en recettes propres (location d’espaces) et a créé Les Mécènes du 104, premier fonds de dotation français soutenant l’activité d’un établissement culturel. Décidément, le 104, un drôle de numéro…
Le 104, 104 rue d’Aubervilliers, Paris XIXe, www.104.fr
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