Nouvelle icône de la géniale série Breaking Bad, où il joue un prof de chimie malade et dealer, Bryan Cranston vient de remporter l’EmmyAward du meilleur acteur.
Le héros télévisuel américain a récemment adopté deux nouveaux visages. Ils sont aux antipodes l’un de l’autre et Bryan Cranston, 53 ans, est l’un d’entre eux. A l’élégant Jon Hamm, publicitaire racé et opaque de Mad Men, Cranston oppose son personnage de Breaking Bad, un homme ordinaire, prof de chimie mal fagoté et maussade, qui se met à fabriquer et dealer des métamphétamines après qu’on lui a diagnostiqué un cancer foudroyant.
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Les deux personnages sont nés sur la même chaîne, AMC, et les deux séries ont redéfini encore une fois un art décidément pas si déclinant que ça. Rencontré au dernier festival de télévision de Monte-Carlo, Bryan Cranston n’en revient pas lui-même : “Hier encore, AMC pour moi c’était la chaîne des émissions culinaires, et aujourd’hui c’est le nouveau HBO !”
Lorsqu’il s’avance vers vous, difficile au premier abord de reconnaître Walter White, le prof renfrogné de Breaking Bad. Le cheveu court et la barbe de trois jours piquée de roux, athlétique en jean et chemise bleu ciel, il dégage un charme souriant assez irrésistible. On réalise alors la capacité d’effacement que demande un rôle comme celui de Walter : donner un visage à l’ordinaire. Si Breaking Bad est si réussi (et si bouleversant), c’est qu’après les séquences où Walter découvre l’univers patibulaire et un peu folklo du trafic de drogue, il lui faut toujours rentrer chez lui, auprès de sa femme et de son fils, pour des scènes d’intimité simples, comme ce déjeuner de famille au terme duquel il annonce sa maladie. Bryan Cranston : “Je ne l’aborde pas comme un loser, mais comme un homme qui a des regrets.” Toute la différence entre la caricature et la tragédie est là, dans ce dosage miraculeux d’un personnage terne et émouvant à la fois.
Mais à la ville, Cranston rayonne et on le comprend. Il a enfin rencontré le “rôle de sa vie”, remportant l’Emmy du meilleur acteur pour la deuxième année consécutive. Comme tant d’acteurs plus ou moins anonymes basés à Los Angeles, ce Californien de souche (il avait d’abord vaguement tenté des études pour devenir flic avant de découvrir le théâtre à la fac) traîne ses guêtres sur les plateaux de télé depuis le début des années 80. Même si on l’a vu dans quelques seconds rôles au cinéma (Il faut sauver le soldat Ryan, Little Miss Sunshine), parcourir sa filmographie, sur imdb.com, c’est surtout réviser l’histoire de la série américaine, avec ses tendances, ses tournants, ses révolutions : Chips, Hill Street Blues, Falcon Crest (!), Alerte à Malibu, Seinfeld (5 épisodes), X-Files…
Finalement, un rôle récurrent dans la série ultrapopulaire outre-Atlantique, Malcolm, offre à Bryan Cranston un ancrage et une visibilité durables. Puis Vince Gilligan, le créateur de Breaking Bad, se souvient d’un épisode de X-Files qu’il avait écrit où Cranston jouait un méchant complexe, et lui propose le rôle de Walter. L’acteur raconte avec excitation la façon dont Gilligan lui a parlé du projet : “Il m’a dit : “Je veux prendre, au début de la série, un homme fondamentalement bon, et je veux qu’il soit devenu un homme mauvais quand la série se terminera, quatre ou cinq ans plus tard.” Ça, je ne l’avais jamais entendu avant, jamais vu dans toute l’histoire de la télé !” Vous êtes prévenus.
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