Dans un essai, la productrice à succès Simone Halberstadt Harari fait le pari d’une télévision publique ambitieuse.
« Ce n’est pas une plate-forme pour quoi que ce soit, c’est simplement le livre d’une professionnelle de la télé qui veut partager son expérience, sa vision des choses”, explique Simone Alberstadt Harari, énarque, membre de la comission Copé pour la réforme de la télévision publique, productrice (Maguy, L’Affaire Dominici, Questions pour un champion…) et auteur de La Télé déchaînée, analyse sur les enjeux du petit écran.
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Il faut dire que, depuis quelque temps, son nom circule pour la succession de Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions (au même titre que ceux d’Alexandre Bompard, l’actuel patron d’Europe 1, ou encore Rémy Pflimlin, ancien directeur général de France 3 et actuel patron des Nouvelles messageries de la presse parisienne). Mais, officiellement, elle n’est candidate à rien. Même si, en 2005, elle avait échoué face à de Carolis…
Cela ne doit pas nous empêcher de lire son livre, plutôt riche en idées et en perspectives. D’autant que l’analyse n’y est pas statique comme dans beaucoup de “livres de trop” sur la télévision, mais bel et bien dynamique et ambitieuse. Dès l’introduction, Simone Halberstadt Harari évoque le poids du numérique dans l’avenir de l’audiovisuel et pointe l’“hyperchoix”, ce nombre “quasi sans limite de chaînes” qui va faire “exploser les limites de capacité de stockage et de transmission”. Comment imaginer une télévision au-delà de la notion de flux ? Quelles conséquences le morcellement des audiences et l’avènement de la catch-up TV auront-ils sur l’information, la fiction, les créations culturelles ? Autant de questions auxquelles l’auteur répond avec précision et expertise, fournissant une approche moderne de la télévision. Intéressante aussi, l’analyse de Simone Halberstadt Harari sur l’évolution du service public (même si l’auteur n’est pas candidat…).
Anticipant les conséquences des nouvelles pratiques de la télévision, elle propose ainsi la mise en place d’un “service public virtuel” qui, via “un comité destiné à sélectionner des programmes labellisés service public”, “un super comité éditorial, libre de ses choix”, financerait des oeuvres de service public diffusables sur tous les canaux, et non simplement les chaînes publiques. Pertinents, les points de vue de Simone Halberstadt Harari, mais on peine à croire qu’il n’y ait pas en ligne de mire, dans ce livre plutôt complet, au moins un accoudoir du siège de Patrick de Carolis. Surtout quand celle-ci évoque longuement le côté positif de la récente réforme de l’audiovisuel public opérée par Sarkozy sur la publicité. “La réforme de la télévision publique, qui limite le financement publicitaire aux heures de la journée aboutit (…) à des mouvements de réajustement dans la distribution des audiences”, écrit-elle. Ou lorsqu’elle évoque le ciment que peut constituer la télévision publique pour un pays. Alors, pour France Télévisions, en voiture, Simone ?
La Télé déchaînée, une aventure personnelle
et professionnelle au coeur du système, 270 pages, 18 €
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