Le réalisateur de Drive, Nicolas Winding Refn est annoncé sur un projet Canal+, une adaptation en série de la BD sixties de Jean-Claude Forest.
La nouvelle est tombée le 12 juillet, par le biais d’un communiqué ultrasobre :
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« La Création originale de Canal+ s’associe à Gaumont international télévision pour Barbarella. Cette série en anglais s’inspire de l’héroïne créée en 1962 par Jean-Claude Forest. Elle sera produite et réalisée par Nicolas Winding Refn, prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2011 pour Drive. »
Ces trois phrases ont suffi à faire trépigner les amoureux des blondes iconiques habillées en Paco Rabanne – rappelons que Barbarella fut un film de science-fiction signé Roger Vadim sorti en 1968, avec Jane Fonda. Mais elles ont surtout confirmé une tendance majeure dans le grand bain des images contemporaines : l’hybridation entre télévision et cinéma. Non que les deux médias se ressemblent tout à coup. Ils ont simplement décidé d’unir leurs forces.
Un top 5 des meilleurs cinéastes partis en vadrouille à la télé
Nicolas Winding Refn avait déjà participé à la création d’une série au Danemark (Les Sept Elus), diffusée en 2001 sans grand retentissement. Mais cette fois, l’homme de la trilogie Pusher arrive par la grande porte, avec le CV d’un réalisateur crédible à l’échelle hollywoodienne et néanmoins respecté des cinéphiles. Une réussite insolente qui ne lui a pas coupé l’envie de venir fricoter avec ce genre autrefois méprisé. Son désir n’a rien d’un désordre : il correspond à celui d’une époque. Depuis deux ans, Gus Van Sant, Martin Scorsese (Boardwalk Empire), David Fincher (House of Cards, diffusée fin 2012 sur Netflix) et Michael Mann (Luck) ont tous fait comme lui. Soit un possible top 5 des meilleurs cinéastes contemporains partis en vadrouille à la télé.
La formule est à chaque fois peu ou prou la même. Elle repose sur le fantasme du « gagnant-gagnant ». Une chaîne du câble américain (sauf le projet Barbarella, unique en Europe) décide de s’offrir une signature venue du cinéma, en lui assurant une liberté et des moyens hors normes. Boardwalk Empire et House of Cards figurent ainsi parmi les créations les plus coûteuses de l’histoire, chaque saison se chiffrant en dizaines de millions de dollars. En retour, le cinéaste assure prestige et buzz à un projet devenu événementiel et « cinématographique ».
Une greffe à travailler
Est-ce forcément une bonne idée ? La réponse est cachée dans la question. Quand un cinéaste important tente de faire d’un pilote de série un « film » en miniature, le contresens esthétique guette. L’expérience Martin Scorsese sur Boardwalk Empire n’avait rien d’inoubliable. Si l’on excepte l’ovni David Lynch et son Twin Peaks légendaire, ou les escapades de Tarantino (Urgences, Les Experts), la figure la plus cohérente dans le rôle du réalisateur de cinéma venu sur petit écran reste Michael Mann. L’homme de Heat a commencé sa carrière à la télé avec Starsky et Hutch puis Miami Vice et multiplie depuis les allers-retours, en expérimentant à égalité des deux côtés.
La greffe doit donc se travailler, s’approfondir. Cela n’a rien de simple. Les séries contemporaines n’ont jamais eu besoin de grands metteurs en scène pour être réussies. Les scénaristes restent la principale force créative et les réalisateurs ne font que passer – impossible de finaliser seul une douzaine d’épisodes chaque année. En général, les stars du métier posent leur griffe le temps d’un épisode, avant de retrouver leur fauteuil sur un plateau de cinéma. Annoncé comme un producteur impliqué en plus d’être réalisateur, Nicolas Winding Refn fera peut-être exception avec son projet Barbarella. « Pour moi, elle est l’une des héroïnes indépassables de la contreculture », a déclaré le golden boy danois. A lui de faire exploser définitivement les frontières entre séries et cinéma.
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