Le rapport annuel de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies conclut à une progression de la consommation de cocaïne et de nouvelles drogues de synthèse, alors que celle du cannabis se tasse.
L’étude annuelle de l’OEDT (Observatoire européen des drogues et toxicomanies) révèle qu’un européen sur cinq a déjà consommé du cannabis, mais son usage a tendance à reculer, surtout chez les plus jeunes. A contrario, la cocaïne progresse. 13 millions d’européens en ont déjà pris au moins une fois dans leur vie. La blanche est même sur le point de détrôner les amphétamines et l’ecstasy (en légère baisse) au Royaume-Uni, au Danemark et en Espagne. Le rapport note également une « progression préoccupante » de l’héroïne.
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L’Observatoire consacre un chapitre à la progression des nouvelles drogues de synthèse, plus difficiles à contrôler, souvent vendues sur Internet. « En 2008, note le rapport, les Etats membres de l’UE ont ainsi déclaré à l’OEDT et à Europol treize nouvelles substances psychoactives, dont onze nouvelles drogues de synthèse et deux plantes. » Pour la première fois, on note la présence d’un cannabinoïde de synthèse.
Le directeur de l’OEDT Wolfgang Götz a fait remarquer que « des fournisseurs extrêmement novateurs évitent les contrôles antidrogue en proposant des substituts non réglementés ». En 2009, l’OEDT a étudié 115 boutiques en ligne proposant des alternatives aux drogues contrôlées. Les sites identifiés étaient notamment établis au Royaume-Uni (37 %), en Allemagne (15 %), aux Pays-Bas (14 %) et en Roumanie (7 %).
« Les nouvelles substances qui font leur apparition sur le marché de l’internet sont très variées, allant de drogues consommées de manière traditionnelle dans certaines parties du monde jusqu’à des produits chimiques expérimentaux synthétisés en laboratoires et non testés sur l’homme », explique le rapport.
Parmi les innovations du marché en ligne, figurent les produits « Spice », vendus sous forme d’encens. Les ingrédients mentionnés sur les emballages sont des plantes et des matières végétales mais certains lots contiennent également des cannabinoïdes de synthèse. L’Allemagne, l’Estonie ou la France ont tenté d’interdire ou de contrôler la vente des produits Spice, mais d’autres produits sont apparus rapidement.
« Il est possible que le problème du « Spice » constitue un avertissement concernant les problèmes à venir », s’inquiète l’OEDT. « L’existence de chimistes expérimentés, résidant souvent hors du territoire européen et en mesure d’exécuter à bon marché une synthèse organique, rend possible l’accès à un nombre considérable de substances psychoactives. »
Les décès dus à la drogue représentent 4% de tous les décès d’Européens de 15 à 39 ans, des opiacés étant décelés dans les trois quarts des cas. Environ 400 000 toxicomanes ont commencé un traitement en 2007 : 54 % étaient dépendants aux opiacés (héroïne surtout), 21 % au cannabis et 18 % à la cocaïne.
Créé en 1993, l’OEDT siège à Lisbonne. Son action couvre trente pays, les 27 membres de l’Union européenne et la Croatie, la Turquie et la Norvège. L’organisme travaille à partir de rapports fournis par les Etats.
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