Un spectacle qui interroge un futur où la mémoire individuelle serait un produit de consommation.
L’idée de départ est excitante. Auteure et metteure en scène – actrice aussi, notamment dans les derniers spectacles de Julien Gosselin –, Tiphaine Raffier a imaginé la greffe de la SF au théâtre. Réunissant dans sa fable des sujets en vogue – le transhumanisme, le stockage informatique de la mémoire, la surconsommation des images, le terrorisme –, elle nous transporte dans quelques siècles, sous l’ère de la 9e révolution scopique.
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Tout commence dans la cuisine de Véronique. Veuve éplorée depuis la mort de son époux, Sam, elle fait appel à la société Recall Them Corp pour sa réincarnation. Chacun décharge ses souvenirs dans un “démémoriel” et la mémoire des vivants est stockée sous la mer. Il est alors possible de la transplanter dans un autre corps pour réincarner ceux qu’on appelle les Rappelés.
Peut-on réduire une personne à sa mémoire ?
Avec un taux de réussite de 97 %. A la condition d’effacer de la mémoire de Véronique le visage de Sam. Les visages et leur image n’ont pas droit de cité dans ce futur. La pièce suit le retour de Sam au royaume des vivants et donne aussi la parole à des intellectuels lors de colloques où détracteurs et défenseurs des Rappelés s’invectivent.
Le hic, c’est qu’on se demande quels sont les corps qui servent aux Rappelés et si ces derniers ont voulu leur “résurrection”. Surtout, peut-on réduire une personne à sa mémoire, la dissocier de son corps, de sa volonté, de son désir ? De sa singularité. Le devenir avatar de ses souvenirs est certes flippant, mais sa démonstration peine à convaincre. Fabienne Arvers
France-fantôme Texte et mise en scène Tiphaine Raffier, du 31 janvier au 10 février au TGP de Saint-Denis, 13 et 14 février à Alençon
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