Chaque mardi, nous vous parlons de (bons) albums à venir bientôt, extraits à l’appui. Premier épisode avec Liars, Timber Timbre, Sohn, EMA et Mac DeMarco.
LIARS MESS
Les Liars attaquent le dancefloor : brutale apocalypse.
De Brooklyn à Berlin à Los Angeles, des guitares abrasives du post-punk, de la no-wave maladive à aux expérimentations rythmique cinoques, du premier They Threw Us All in a Trench and Stuck a Monument on Top (2001) à ce Mess à paraître fin mars il n’a jamais été simple, c’est la force de ce groupe décidément majeur, de suivre les passionnants Liars : depuis toujours, les Américains brouillent les pistes. Les pistes, ils ne vont pas cette fois simplement les brouiller mais aussi et surtout les brûler avec ette suite, également très électronique, du grandiose WIXIW de 2012. Ils vont en cramer une en particulier, celle de danse : avec un album radicalement électro de dance maboule, martiale, violente, vicelarde, maladive, avec des morceaux aux uppercuts apocalyptiques, Mess risque de foutre un sacré bordel, incendiaire et brutal, sur les dancefloors.
T.B.
Sortie le 24 mars
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TIMBER TIMBRE HOT DREAMS
Entre Lambchop, les Tindersticks et Morricone, Timber Timbre transforme sa mélancolie en cauchemars de soie obsédante.
Il y trois ans, on avait adoré Creep On Creepin’ On, le deuxième album du canadien Taylor Kirk, alias Timber Timbre – qui s’était même payé le luxe d’un petit tube en France. Ce disque beau comme une maison hantée n’était peut-être que la charpente du mirifique, et horrifique, Hot Dreams. Sur les mêmes fondations (l’americana nocturne), Timber Timbre ajoute des instruments, des arrangements, soigne les compositions et le suspense. Sorti de la cabane en bois de ses premiers enregistrements, il erre et valse dans un dancing hanté, au décor baroque. On pense parfois à Lambchop attaqué par un loup, aux Tindersticks dans un film de zombies dont la BO aurait été composée par Morricone. Lee Hazlewood n’est pas loin, capturé par la sorcière d’un conte cruel. Epaulé par la fidèle Mika Posen aux cordes et Colin Stetson au saxophone, Taylor Kirk a transformé sa musique et sa mélancolie en beaux cauchemars obsédants.
S.D.
Sortie le 31 mars
MAC DEMARCO SALAD DAYS
Après l’indispensable Rock & Roll Night Club et le très bien nommé 2, le mec le plus cool du monde continue à s’en battre les couilles avec style et élégance.
« Merde, l’album de Mac DeMarco a leaké plus d’un mois avant sa sortie ». On ne sait pas comment, on ne vous dira pas où et on partagera encore moins le lien vers la précieuse écoute. Trop de respect pour le mec le plus cool et décontracté croisé pendant ces trois dernières années de concerts et d’interviews. Fin novembre, entre dix bières, cinq grimaces et deux concerts barjos largués pour le festival M Pour Montréal, Mac DeMarco nous confiait toute l’estime qu’il avait pour Connan Mockasin et son magnifique dernier album, Caramel. Surprenant si l’on s’arrête à la goguenardise de façade du premier et à l’élégance noble du second. Sur son troisième album, DeMarco fait pourtant sangloter sa guitare à la belle manière du Néo-Zélandais et prouve qu’il est le seul à pouvoir concilier grâce et débilité sans crainte du ridicule. Salad Days est un disque apaisé, déconneur, enduit de réverb et grandi par la virtuosité masquée du Canadien. D’apparence rudimentaire, mais d’appartenance et d’influences complexes (Jonathan Richman, Lou Reed), le troisième album de Mac DeMarco empile des ballades aussi directes que délicates pour offrir la plus belle séduction de ce début d’année. Attendu de pied ferme sur la scène du Trabendo le 16 mai prochain.
A.F
Sortie : 1er avril
SOHN TREMORS
Longtemps attendu, le premier album de ce Londonien s’apprête à définir le r’n’b du futur. Il faudra réapprendre à danser.
On l’a croisé au dernier Festival Les inRocKs, dans la petite salle qu’est la Boule Noire, à Paris, dans nos sélections de découvertes donc, mais Sohn semble d’ores et déjà viser bien plus grand : son concert aura bluffé par sa puissance, sa noirceur épaisse, sa science déjà rodée de l’expérimentation sonore. A deux doigts de la soul (comme James Blake) et les deux pieds dans le r’n’b (comme Autre Ne Veut, How To Dress Well et Ango), Sohn prend un malin plaisir à déstructurer les genres, à les propulser dans l’avenir, à faire de l’electro le chemin le plus court vers les rêves les plus profonds. Également producteur (pour Banks notamment, vous voyez le délire ?), il sortira bientôt son premier album, Tremors, petit bijou d’ingénierie complexe et folle, que les robots s’arrachent déjà pour apprendre à aimer. Nous, on revisite nos pas de danse.
M. de A.
Sortie le 7 avril
http://youtu.be/C6zv_5zGEso
EMA THE FUTURE’S VOID
L’impressionnante EMA revient avec un album rageur et chercheur : elle impressionne encore plus.
Il y a trois ans, Erika M. Anderson, jeune fille à très forte tête, née et élevée dans le trou du cul du monde occidental du Dokota du Sud puis partie défouler ses colères à Los Angeles au sein des atrabilaires Gowns renversait le monde d’admiration avec un unique morceau, le brave, rageur, étrange et obsédant California. Impressionnant, l’album qui suivait, Past Life Martyred Saints confirmait la grandeur, littérale d’ailleurs, d’EMA : lo-fi, brut, beau, entre la PJ Harvey des débuts et le Velvet, Sonic Youth ou les Doors. Trois ans plus tard, et après un déménagement à Portland, l’Américaine revient avec un album abrasif et ambitieux, expérimental et science-fictionnel (le William Gibson de Neuromancer est une influence majeure de l’album), urbain et électrique, étrange souvent, passionnant toujours, qui gagne en profondeur, abyssale, à chaque écoute : la grande a encore grandi.
T.B.
Sortie le 7 avril
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