Dialogue lourdement didactique et formules pathétiques : en essayant de se mettre dans les pas d’un Jonathan Safran Foer, Beigbeder se viande et nous ennuie.
Ex-pubard, Frédéric Beigbeder le sait : l’essentiel, c’est le packaging. Son nouveau produit (Une vie sans fin, Grasset) a une couverture cartonnée à l’anglo-saxonne et le graphisme peinturluré des livres de Jonathan Safran Foer. Après avoir copié Bret Easton Ellis et Jay McInerney, c’est donc lui le nouveau modèle de notre Dick Rivers de l’écriture.
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D’ailleurs, c’est une sorte d’enquête qu’il nous propose, à la façon de Foer dans Faut-il manger les animaux ? Une investigation au pays du transhumanisme, car Beigbeder a décidé de ne pas mourir, au risque de nous ennuyer encore longtemps. L’ennui, on y sombre dès la page 23, lors d’un long dialogue lourdement didactique avec un scientifique.
Le reste est à l’avenant : une multiplication de dialogues sans fin, ponctués de formules pathétiques : “La vie est une hécatombe” ; “Tout mort est avant tout un has been” ; “L’Eglise, c’est le spa de l’âme” ; “Trop d’intelligence chez une femme m’a toujours effrayé, depuis ma mère” ; “Tous les juifs ressemblaient à Jésus en short”.
Sa fille l’accompagne pour faire office de candide : “– C’est la tombe de Jésus Christ. – Wouahh… Carrément ?” Sa femme est réduite à ses seins et à son goût pour les meringues. C’est bête, vulgaire, mal écrit et – paradoxe pour qui veut rester jeune – ringard. “Je n’ai produit que deux chefs-d’œuvre, et ils ne sont pas en pixels.” Pas en mots non plus.
Une vie sans fin (Grasset), 380 pages, 22 €
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