Un ado psychopathe s’infiltre dans une famille bougeoise. Lourdaud et bancal.
Depuis The Lobster, Yórgos Lánthimos (Canine, Alps…) donne le sentiment de se prendre au sérieux. Mise à mort du cerf sacré – déjà, le titre… – atteint des sommets de mégalomanie assommante. Les efforts du cinéaste pour se hisser à une “grande forme” cinématographique à la Kubrick (d’ailleurs contestable) sont plus qu’ostensibles : musique religieuse à faire péter les haut-parleurs, larges mouvements de caméra portée, grands angles, ralentis, longs noirs, etc. Attention les enfants, septième art !
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D’autant que l’histoire se montre à la hauteur de la forme : Steven (Colin Farrell, chirurgien) et Anna (Nicole Kidman) ont deux enfants avec lesquels il forment une famille américaine lisse et froide, dans la maîtrise. D’ailleurs, Anna a l’œil à tout (métaphore : elle est ophtalmologue). Mais rien n’est aussi simple. Steven se prend d’amitié (voire plus ?) pour Martin (Barry Keoghan, psychopathie inscrite sur le visage), un adolescent orphelin de père qui va peu à peu – énième déclinaison du Théorème de Pasolini – s’infiltrer dans la famille et bouleverser son ordonnancement.
Les enfants sont soudain atteints d’un mal surnaturel, se mettent à saigner des yeux… Il s’avère que Martin en est responsable. Le père et son ex-protégé vont alors arriver à un diabolique arrangement. A vrai dire, le scénariste Lánthimos, qui a certes l’art du pitch, a aussi bien du mal à faire retomber son récit sur ses pieds, qui se clôt sur un éloge benoît et consternant du bon vieux “œil pour œil, dent pour dent”…
Le jury cannois 2017, présidé par Pedro Almodóvar, a quand même attribué au film de Lánthimos le prix du scénario. On peut aussi y voir un cadeau empoisonné : que représente un prix du scénario pour un cinéaste qui semble tellement vouloir impressionner par sa puissance formelle ?
Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos (Gr., G.-B., 2017, 2 h 01)
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