L’expo « Deadline » au musée d’Art moderne se rate

Le point commun entre tous les artistes de Deadline ? Ils se savaient condamnés par la maladie ou le poids des ans au moment de produire ces pièces, aujourd’hui réunies au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. L’exposition raconte donc comment, secoués par un sursaut d’énergie ou transportés par le désir de rester dans l’histoire, ou au contraire n’ayant plus rien à prouver à personne, sinon à eux-mêmes puisqu’ils sont parvenus au faîte de leur gloire et au seuil de la mort, comment donc les artistes infléchissent alors sensiblement leur pratique.

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Or, cette interprétation de l’oeuvre d’art signe un retour étroit à l’approche biographique, et qui plus est par le petit bout du pathos. Sans rien remettre en question, mais en alimentant les fantasmes les plus romantiques, en surévaluant l’importance de la chronologie dans la lecture d’une oeuvre, Deadline s’appuie sur des notions telles que le mystère de la créativité ou l’authenticité du geste de l’artiste – insoupçonnable, à l’article de la mort, de la moindre stratégie.

Dans Before the End au Consortium en 2004, Stéphanie Moisdon avait exposé la première oeuvre d’une vingtaine d’artistes. Mais c’est à eux qu’elle en avait confié le choix, signalant par là que l’origine est une notion arbitraire. Dans le même temps, Olivier Mosset exposait “les dernières peintures d’artistes conceptuels avant qu’ils ne privilégient l’idée sur la forme”. Comme s’il y avait plusieurs deadlines. La preuve d’ailleurs au Nouveau Festival, au Centre Pompidou, où l’artiste Ben Kinmont propose un projet autour de sept artistes (dont Laurie Parsons ou Lygia Clark) qui ont mis un terme à leur carrière “pour devenir autre chose”, travailleuse sociale ou psychothérapeute, entre autres. La mort ne suffit pas à expliquer.

Deadline, jusqu’au 10 janvier, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris XVIe, www.mam.paris.fr