Le second rôle au nez de boxeur avait tourné sous la direction de Jean-Luc Godard, Jacques Rozier et Jean-François Stévenin.
Yves Afonso restera à jamais Marcel Petitgas, le marin pêcheur de Maine océan, le chef d’oeuvre de Jacques Rozier. Marcel Petitgas (il disait « Petitgas Marcel », comme s’il avait encore été à l’école ou à l’armée) passait en correctionnelle pour coups et blessures. Il était gentil, Marcel Petitgas, mais impétueux aussi.
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J’avais dîné il y a une dizaine d’années avec Yves Afonso et l’exquis Luis Rego, venus présenter Maine Océan à l’Action écoles (Bernard Menez devait nous rejoindre après, son épouse « n’aimant pas trop qu’il mange dehors », avais-je appris…).
Afonso était un peu comme dans le film de Jacques Rozier : impulsif, batailleur. A un moment, il s’était moqué de la petite moustache que s’était laissé pousser Luis Rego pour un spectacle, et j’avais cru à un moment qu’ils allaient en venir aux mains. Mais non, la fille de Rego était arrivée à point pour nous sortir de cette situation assez rigolote.
Afonso était né Bourgogne dans une famille d’origine portugaise. Après avoir fait mille petits métiers, il avait rencontré le metteur en scène et acteur Antoine Bourseiller (qui joue le rôle du soldat dans Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda – il est d’ailleurs le père Rosalie Varda) qui l’avait dirigé dans trois pièces de théâtre.
C’est là que Jean-Luc Godard l’avait déniché. Avec son nez de boxeur (il était très sportif), Afonso ressemblait un peu à une doublure de Jean-Paul Belmondo… Dans Masculin féminin, il jouait le rôle de l’homme qui se suicide. Il était aussi apparu dans Made in USA et Week-end.
Et puis il avait joué dans plusieurs films de Laszlo Szabo, d’Yves Boisset. Mais ses deux autres grandes rencontres avaient eu lieu avec Jacques Rozier (Maine Océan puis Fifi Martingale, jamais sorti en salles) et Jean-François Stévenin (Double messieurs puis Mischka, deux grands films).
Yves Afonso était un second rôle, mais un second rôle à l’ancienne : il débarquait avec lui-même, son caractère, son univers, avec une sincérité absolue. Il était hénaurme. Il était « trop » – comme l’a dit un jour Stévenin de Godard.
Yves Afonso sera une dernière fois à l’affiche le 31 janvier prochain, puisqu’il joue dans Sparring de Samuel Jouy avec Mathieu Kassovitz.
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