Le chanteur glam Adam Lambert, homosexuel affiché, déclenche polémique et censure en embrassant un musicien lors de son concert au American Music Awards. Britney et Madonna, oui, mais les mecs, faut pas pousser.
On connaît bien Lady GaGa, nouvelle reine fantasque et bisexuelle de la pop américaine. On connaît moins bien Adam Lambert, son pendant masculin. Finaliste en mai dernier de la huitième saison d’American Idol (l’équivalent de notre Nouvelle Star nationale), donné largement favori, le garçon perd finalement contre une courgette chantante dénommée Kris Allen. Qu’importe, à lui la gloire et la couverture de Rolling Stone cet été. A lui, aujourd’hui, un album (« For Your Entertainment ») en troisième position du classement iTunes deux jours après sa sortie.
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Comme Lady GaGa, Adam Lambert s’assure un succès retentissant grâce à un savant mélange de provoc’ vestimentaire (un style glam-goth-n’importe quoi, entre Billy Idol et Tokio Hotel) et de euro-house toute pourrie. Fils bâtard de Madonna et de Freddie Mercury, à qui il voue un culte absolu, Lambert met également le monde de la pop en émoi à cause de son homosexualité – d’abord suggérée, pendant toute la durée d’American Idol, puis ouvertement revendiquée.
A la suite de cette révélation, « Glambert » a traversé des eaux périlleuses. Comment affirmer son identité sexuelle tout en restant média-compatible ? L’ambigüité reste sa tactique privilégiée. Lambert s’affiche ainsi plutôt en hétéro dans le magazine Details, posant en compagnie de femmes nues. Et quand le magazine gay et lesbien Out Magazine le met en couverture, il demande à ne pas apparaître « trop gay » et à partager cette couverture avec une femme hétéro – s’attirant les foudres d’une partie de la communauté LGBT.
Mais lors des American Music Awards dimanche dernier, devant 14 millions de téléspectateurs, Adam Lambert ne s’est plus senti. Présentant en live son tout nouveau single, il était chaud, survolté même. Attention à ne pas trop émoustiller les gamines de 12 ans qui te regardent, quand même, Adam – et surtout, gaffe à leurs parents. Déjà, la chorégraphie avec des danseurs qui simulent du sexe, ou qui sont tenus en laisse, c’est limite. Ensuite, halte à ces mouvements de hanche un peu suggestifs. Et frotter la tête d’une danseuse contre son pénis, là, c’est carrément too much.
Trop tard. Lambert commet l’impensable : il embrasse son claviériste. Fougueusement en plus. Et alors là, ça ne pardonne pas. ABC, la chaîne qui diffusait les American Music Awards, reçoit 1500 plaintes. Elle décide, dans la foulée, de déprogrammer Lambert de Good Morning America, émission à laquelle il était invité le mercredi matin suivant.
CBS, concurrente d’ABC, flaire le scandale et saute sur l’occasion, invitant Lambert à venir se défendre sur son plateau. « Je ne suis pas une baby-sitter », clame Lambert. « J’avoue, je me suis laissé emporter, mais je ne vois rien de mal à ça. Je vois comment les gens ont pu être choqués, ce n’était pas mon intention ». Jusqu’ici, des excuses banales. Mais Lambert va plus loin : « Si ça avait été une pop star féminine sur la scène faisant les mêmes gestes que moi, je ne crois pas qu’il y aurait eu le même tollé. Je crois que c’est parce que je suis un homme gay. »
Ce n’est pas CBS qui va lui donner tort : quand la chaîne rediffuse l’instant du baiser entre Lambert et son musicien, elle floute la scène, comme pour préserver son audience d’une scène aussi infamante. Pourtant, quand Britney Spears et Madonna s’étaient roulé une pelle sur la scène des MTV Music Awards en 2003, CBS n’avait vu aucune raison d’en cacher les détails. Dans un univers médiatique phallocentrique et homophobe, il y a bien deux poids, deux mesures.
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