BuzzFeed News et Mediapart dévoilent l’identité de plusieurs conseillers de l’ombre de Marine Le Pen pendant la présidentielle. Certains de leurs profils sont pour le moins inattendus…
Ils tenaient fermement à rester anonymes, et on comprend pourquoi. Énarques, hauts-fonctionnaires, dirigeant d’une entreprise du CAC 40, préfet… Les conseillers de l’ombre de Marine Le Pen pendant la présidentielle de 2017 avaient tout intérêt à cacher leur allégeance à la patronne du Front national. Mais Mediapart et BuzzFeed News se sont procuré des mails qui lèvent le voile sur sept de ces profils inattendus. Tous issus de milieux et de formations élitistes, parfois anciennement proches de la droite classique, ils entrent sérieusement en contradiction avec le discours anti-système de Marine Le Pen. Les deux médias révèlent leurs CV.
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Du CAC 40 à la gendarmerie nationale
On peut ainsi douter qu’André Rougé, directeur du développement commercial d’un grand groupe de BTP du CAC 40, soit un rempart efficace contre « l’argent roi » fustigé par Marine Le Pen. Pourtant, il lui a fait parvenir une note « pour mettre fin à l’AME », l’aide médicale d’État, permettant aux ressortissants étrangers d’être soignés gratuitement. Cet engagement figurait en effet au programme de la candidate. Il a également prêté main forte à l’équipe de campagne pour le chiffrage du projet. “Il a participé à la campagne, il était à une réunion sur la politique sociale avec Marine Le Pen, puis a rédigé des notes. Il venait souvent avec Jérôme Turot”, affirme ainsi une source. Un autre membre du FN affirme même qu’il dirigeait les Horaces, un groupe de haut-fonctionnaires créé en 2016 pour soutenir Marine Le Pen. Comble de l’ironie, André Rougé a travaillé au cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris jusqu’en 1995, et appartient aux fameux « emplois fictifs » de l’époque.
Christophe Bay, conseiller du directeur générale de la gendarmerie nationale et ex-préfet de l’Aube. Il a été consulté sur certains points, comme les économies réalisables dans les administrations publiques locales. Cet énarque, ancien directeur adjoint du cabinet de Brice Hortefeux lorsqu’il était ministre de l’intérieur, n’a pas souhaité répondre aux sollicitations des journalistes. Quand il était étudiant, il a milité à l’UED (Union des Étudiants des droites), un syndicat qui « servait en partie de repli au GUD, alors auto dissout », précise Médiapart.
Énarques, normaliens, haut-fonctionnaires…
Ancien membre du Conseil d’Etat, major de la fameuse promotion Voltaire de l’ÉNA, Jérôme Turot, avocat fiscaliste et énarque, a aussi prodigué quelques conseils à l’équipe de Marine Le Pen dans son domaine de compétence (notamment pour « garantir les retraites »). Il nie pourtant toute implication avec la candidate.
Les noms d’un retraité de la Cour des comptes, Philippe Baccou, du président de formation de jugement à la Cour nationale du droit d’asile, Vincent Uher, ou encore d’un secrétaire du conseil d’administration d’une grande entreprise de service public, Frédéric Guillaud (passé par l’ENS), apparaissent également.
Pour une campagne tournée vers la critique radicale des « technocrates déconnectés du peuple », on peut se poser quelques questions…
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