La triste annonce de la disparition de France Gall nous a donné envie de nous replonger dans cinq décennies de télévision française (et à l’occasion internationale), écrin de ses apparitions successives en poupée pop sixties ou en muse rêveuse de Michel Berger.
1. Pense a moi (1963)
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La jeune fille a 16 ans, est encore brune, n’a pas trouvé son style. Cette année-là, 1963, son père, parolier de renom vient d’écrire un tube pour Charles Aznavour, La mamma. Il incite aussi sa fille à profiter de la vague yéyé qui propulse depuis un an ou deux des adolescents au rang d’idoles. La chanson Pense à moi, un de ses premiers singles, est d’influence jazzy. Il manque encore à la jeune interprète son pygmalion pop.
2. Poupée de cire, poupée de son (1965)
A 18 ans, et après quelques tubes, la jeune chanteuse connait le premier sommet de sa carrière au concours de l’Eurovision 1965. France y obtient la victoire pour le Luxembourg. Le pygmalion pop est advenu. Il s’appelle Serge Gainsbourg et lui ciselle des tubes subtilement mâtinés d’ironie. Comme cette Poupée de cire, poupée de son se moquant (cyniquement) du cynisme de l’industrie du disque formatant à la chaine de nouvelles idoles yéyés, pauvres petites poupées de son.
3. Les sucettes (1967)
Nouvelle sucrerie (au poivre) signée Gainsbourg : ces Sucettes, ou un habile S muet à la fin d’un mot, prononcé ou pas, permet de jouer entre Annie et anis, et penny et pénis. Gainsbourg prétendait que la jeune fille, qui avait tout de même vingt ans, n’entendait rien aux sous-entendus sexuels de cette ode à la fellation. Quelques années plus tard, l’intéressée démentira.
4. La pioggia (1969)
A la fin des années 60, après le ressac de la vague yéyé, la chanteuse traverse une longue traversée du désert. Has-been à 22 ans, elle ralentit son activité. On la voit reprendre ici un tube de Gigliola Cinquetti pour la RAï. Elle est toujours aussi jolie.
5. Si on pouvait vraiment parler (1974)
Après cinq années difficiles d’un point de vue professionnel, France Gall décide de contacter un jeune compositeur en pleine hype suite au tube de Francoise Hardy, Message personnel (1973). Le premier titre (et tube) de Michel Berger pour France Gall s’appelle symptomatiquement La déclaration. Mais nous vous faisons écouter ici un titre de la même époque, moins connu, mais splendide. L’inspiration d’Elton John Français en matière de mélancolie pianotée de Berger y est à son sommet et les paroles, faisant allusion à des attouchements incestueux, sont d’une violence feutrée inouïe.
6. Ce soir je ne dors pas (1976)
https://youtube.com/watch?v=tfyk47OESvU
France enchaine les ballades de Michel, qui disent les gerçures de la vie amoureuse. Ce soir je ne dors pas, une autre splendeur. Entrée dans ses années Berger, France a révolutionné son apparence. Elle ne porte plus jamais de robes ou de jupes. Seulement des pantalons et le plus souvent des jeans. L’ex-poupée pop sophistiquée se maquille léger, cultive une apparence plus naturelle, en phase avec la génération des Valseuses (son look se rapproche de Miou-Miou) et un être-au-monde prônant la décontraction.
7. Le meilleur de soi même (1978)
Dans un show télévisé des moguls de la variété française, Gilbert et Maritie Carpentier, France interprète une nouvelle ballade déchirante sur la fatalité d’un cycle amoureux, Le meilleur de soi-même.
8. Quand on a plus rien a perdre (1979)
Fin 78, le couple se lance dans l’aventure d’une comédie musicale, Starmania, dont le triomphe commercial ne se construira que sur la durée. A la création, Berger donne sa chance à un jeune chanteur encore méconnu, Daniel Balavoine. Ici en duo avec France dans un des titres du spectacle, Quand on a plus rien à perdre.
9. Il jouait du piano debout (1980)
https://www.youtube.com/watch?v=OIZDig3xWBs
Si dans la seconde moitié des années 70, le couple Gall/Berger connait le succès, c’est avec les années 80 qu’ils se hissent véritablement au sommet (millions de disques vendus, tournées gigantesques). Le déclic, c’est le tube Il jouait du piano debout, numéro 1 des charts tout l’été 1980.
10. Tout pour la musique (1981)
De tubes en tubes, France Gall devient, la trentaine passée, la chanteuse la plus populaire de France. Elle interprète ici Tout pour la musique, numéro à Noel 8I, avec quelques potes : Berger bien sur, mais aussi Daniel Balavoine, Alain Chamfort, Charlélie Couture et Lio.
11. Calypso (1984)
https://m.youtube.com/watch?v=mgjo7qtRDBI
Single tardif de l’album Débranche, Calypso, délicate ballade tropicale sur la désynchronie conjugale, est interprété ici dans les bras inattendus du comédien Jacques Villeret
12. Ella, elle l’a (1988)
En 1987 l’album Babacar pulvérise les records de ventes atteints par le couple. Les gros synthés, la pesanteur des boites à rythme, la production rock FM écrasent un peu la subtilité chagrinée du Berger des débuts. Ella elle l’a, ici dans une version live, vaut néanmoins à la chanteuse un de ses plus gros tubes, à plus de quarante ans.
13. La groupie du pianiste (1994)
La presse people a raconté dans tous les sens la grande rivalité de Véronique Sanson, premier grand amour de Berger, avec France, sa compagne de vingt ans. Deux ans après la mort à 44 ans du compositeur, la veuve officielle et la veuve officieuse rentrent néanmoins leur rancoeur pour un duo dans l’émission Taratata. Le morceau choisi est en toute logique La groupie du pianiste. Combat de groupies au sommet.
14. Attends ou va-t’en (1996)
A partir du moment où France Gall s’est réinventée avec Berger, elle a effacé de son répertoire toutes les chansons des années 60 (plus jamais interprétées sur scène). Pour un concert en 1996 en direct sur M6, elle réinterprète pour la première fois un titre de Gainsbourg, Attends ou va-t-en (qui avait déjà donné lieu à un reprise miraculeuse par le groupe électropop Mikado en 1986)
15. La déclaration (2007)
12 ans après avoir entonné sur la scène de Cannes Le tourbillon de la vie sous les yeux de Jeanne Moreau (finissant par l’accompagner), Vanessa Paradis reproduit l’opération avec France Gall. Épaulée par M, elle interprète La déclaration. France, Vanessa : deux icones blondes de la chanson française. Deux trajectoires très proches aussi, avec une explosion de notoriété très précoce, et puis des réinventions successives pour traverser les décennies.
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