Aux Etats-Unis, les républicains sont au plus mal. Mais la droite ultra peut compter sur des animateurs enragés comme Glenn Beck (photo).
Ah, la télévision américaine, son exotisme et ses excès. Bill O’Reilly, Rush Limbaugh, Sean Hannity, Ann Coulter : ces stars des talk-shows, chantres du populisme, inquiètent depuis plusieurs années déjà les Américains modérés. 2009 aura surtout consacré Glenn Beck, nouveau champion des républicains en colère et repoussoir de la gauche américaine. Prospérant dans le contexte d’une guerre que se livrent Fox News et la Maison Blanche depuis quelques mois, le présentateur a été galvanisé par l’élection d’Obama et la crise économique.
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La quarantaine, ce blond débonnaire au visage poupin s’est bâti une image de chic type working-class. Dans des mises en scène mélodramatiques, voire hystériques, il n’hésite pas, des trémolos dans la voix, à fondre en larmes pour appâter le client. Des éructations qui charrient une rhétorique violente, une fibre paranoïaque et anti-gouvernement : il a ainsi lancé la vague du “9/12”, soit un retour à l’Amérique unie post-11 Septembre. Provocateur démagogue, il agite à tout va les spectres de Staline et de Ben Laden, n’hésite pas à évoquer Hitler à propos de la réforme du système de santé, ni à fustiger Obama pour sa “haine des Blancs”.
Après avoir fait ses classes à CNN, il a rejoint la Fox de Rupert Murdoch. Depuis, habile businessman, il a construit sa marque, qui se décline en émissions, best-sellers (dont Arguing with Idiots), films et une tournée nationale. Cette niche des médias radicaux de droite a éclos à la radio. “Avec la dérégulation des ondes dans les années 1980, la neutralité n’a plus été plus demandée aux radios”, explique Todd Gitlin, professeur de journalisme à Columbia University. “La droite a compris que, grâce à cet instrument, leur électorat pouvait être représenté, et ce de manière très théâtrale.”
Héritier des télévangélistes d’antan, Glenn Beck attire presque 3 millions de spectateurs, une influence relayée ensuite dans les médias mainstream. “C’est un public majoritairement mâle qui se sent dépossédé, indigné par Obama, et sous- représenté en politique.” Si l’on donne, à gauche, davantage dans la satire (The Daily Show, The Colbert Report, The Young Turks), les médias ultraconservateurs se sont engouffrés dans la vacance du leadership qui a suivi la défaite du camp McCain-Palin. Confisquant le discours politique, ces talk-shows prennent ainsi, de facto, le relais d’un parti républicain exsangue. Récemment le présentateur Lou Dobbs, qui a bâti sa réputation sur la diabolisation des hispaniques, a quitté CNN après des dérapages et envisage aujourd’hui une carrière politique.
Beck se voit lui-même désormais comme une figure active sur l’échiquier politique. “Il ressemble de plus en plus à un politicien”, estime Jessica Levin, du centre de recherche Media Matters. “Il parle de faire voter ses électeurs, de former un cabinet d’opposition, de mettre en place des conventions sur l’éducation. Il sera intéressant de voir ce qu’il prépare pour 2012.”
En septembre, à Washington, des milliers de manifestants se sont rassemblés à son appel, leur chiffre devrait grossir à nouveau en août lors d’une prochaine marche. Pour Todd Gitlin, “si Obama continue de prospérer et que les conditions politiques sont renforcées par une faible économie, le champ est libre. Il n’est pas prêt de disparaître”.
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