Ma première idole de l’année est un Italien, qui a choisi de changer la volonté d’un Français pour sauver une Espagnole… (non, il ne s’agit pas d’un nouveau film de Cédric Klapisch sur les vertus d’Erasmus).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mon idole se nomme Leo Muscato, metteur en scène. Il a décidé d’adapter l’opéra de Bizet pour que Carmen ne meure pas à la fin. Pire, c’est elle qui tue Don José. Mais pas que : elle assassine en même temps tous les puristes !
Peut-on modifier l’œuvre d’un artiste ?
Mon avis en trois points :
1. Déjà, c’est un énorme avantage pour les spectateurs ayant bonne mémoire. Personnellement, je n’ai pas ce problème. Dans Le Professionnel de Georges Lautner, à la dernière scène, Jean-Paul Belmondo s’approche lentement de l’hélicoptère sur la musique d’Ennio Morricone (c’est la musique de la pub Royal Canin) alors qu’il sait qu’un sniper l’a en ligne de mire. Chaque fois que je re-regarde le film, je me demande si Bebel va être abattu ou pas.
Autant vous dire que quand Carmen commençait, j’étais systématiquement envahi par le suspense.
2. Si cela devient la coutume, je vois déjà arriver la manifestation du SPFSRH (Syndicat des Personnages de Fiction Souhaitant une Révision de leur Histoire).Menée par Juliette et Roméo, deux jeunes Véronais qui aimeraient que leurs familles se retrouvent autour d’un bon panettone. Suivis par toute une série de Grecs, Phèdre, Œdipe, Iphigénie… Et fermant la marche, la maman de Bambi. Quel espoir pour tout ces gens !
3) Quand Marcel Duchamp ajoute à La Joconde des moustaches et la sous-titre L.H.O.O.Q., ça provoque, ça fait parler, ça fait réfléchir ; n’est ce pas un des buts de l’art ? Se réinventer, se remettre en question, n’est-ce pas une des quêtes de l’art ? Et vu le mystère sur la sexualité de Mona Lisa, Vinci est peut-être soulagé que Marcel lui ait offert des bacchantes ?
Donc, OUI, on peut modifier l’œuvre d’un artiste.
(note de l’auteur : si vous n’aimez pas la fin de ce papier, changez-là, je serai flatté !)
{"type":"Banniere-Basse"}