L’UMP et le PS préparent chacun leur site communautaire en vue de l’élection présidentielle de 2012. Pour recruter, s’organiser, débattre. En espérant connaître le succès de Barack Obama.
Si elle est légitime, la tentation du web n’est pas toujours porteuse en politique. La communication peut s’y révéler à double tranchant. Ségolène Royal en a fait l’expérience avec la version eighties de son site Désirs d’avenir et Frédéric Lefebvre avec son éviction de Twitter par les utilisateurs. Voire, dans un genre plus sordide, Eric Besson pour les dérapages racistes de son site de “débat” sur l’identité nationale.
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Qu’à cela ne tienne, c’est quand même sur la toile que les deux grands partis politiques français entendent jeter les bases de leurs succès futurs. Notamment en ouvrant un réseau social pour fédérer militants et sympathisants. Ce sera coopol.fr pour le PS et lescreateursdepossibles.com pour l’UMP. Deux Facebook de la politique, actuellement en rodage auprès des militants, et qui devraient être ouverts au public en janvier. Deux sites mais une référence, Barack Obama (my.barackobama.com) et son utilisation du net lors de la campagne présidentielle, saluée par tous comme l’un des facteurs majeurs de son succès, notamment pour avoir réussi à transformer les internautes en militants de terrain.
“La campagne d’Obama est une leçon, le net est un fabuleux outil pour organiser une campagne et pour réinvestir les champs traditionnels de la politique”, reconnaît Benoît Thieulin, de La Netscouade, l’agence qui a réalisé Coopol – mais aussi Mediapart et le premier Désirs d’avenir.
Concrètement pour le PS, “il s’agit d’abord de numériser notre organisation”, explique Valerio Motta, en charge du projet chez les socialistes : “C’est un pack d’outils pour mieux s’organiser de manière très concrète, pour faciliter le travail collaboratif dans les sections en mettant à la disposition des militants ce dont ils ont besoin.” Un outil de management interne avec listings, aide à la fabrication de tracts, etc.
Même ambition à l’UMP où l’on veut “rendre accessibles les moyens logistiques du parti à tous les militants qui en ont besoin”, comme l’explique le député Damien Meslot. L’internet pour faciliter la campagne de 2012, mais aussi, pourquoi pas, pour rénover le parti. “Avec les primaires pour l’élection présidentielle, Coopol est le principal levier de la rénovation”, affirme Benoît Thieulin. Son principal atout, faire souffler le vent de la communication dans les sections du parti en décloisonnant les militants qui pourront se retrouver par affinités et plus seulement sur la base géographique de la section.
“Cela va injecter de la méritocratie dans le PS, des militants pourront émerger grâce à la qualité de leur travail sur des questions particulières et se regrouper de partout en France”, espère Benoît Thieulin. Mais la grande ambition de ces réseaux sociaux politiques c’est aussi et surtout de recruter. Et pour cela d’abolir un peu plus la frontière entre citoyens et militants encartés. “Avec Les créateurs de possibles, on espère doubler nos effectifs d’ici à 2012, avoue Damien Meslot, l’internet est plus attractif qu’une réunion à vingt où on vous offre de la galette avant de vous faire payer votre cotisation”, souligne le député du territoire de Belfort. Un avis partagé par le PS. “Aujourd’hui, il faut payer pour voir en politique. Nous voulons inverser cette tendance parce que les gens ont réellement envie de s’engager”, espère Valerio Motta.
A l’image de peuplade.fr qui permet à un même quartier de se retrouver pour monter une crèche parentale ou lutter contre un projet de MacDo, ces réseaux permettront aux citoyens de se retrouver autour de problématiques qui leur tiennent à cœur. Mais cette fois-ci dans le giron d’un parti. Une promesse qui va obliger le PS et l’UMP à une souplesse dont ils n’ont pas forcément l’habitude. “Il va falloir qu’on soit capables d’assurer, prévoit Damien Meslot, mais le jeu en vaut largement la chandelle.” Un avis apparemment partagé puisque le Nouveau Centre (think-centre.fr), le Modem (lesdemocrates.fr) et Dominique de Villepin (villepin com.net) ont déjà lancé leur plate-forme internet. Sans toutefois avoir jusqu’ici bouleversé la toile. Hugo Lindenberg
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