Jean-François Copé s’est rendu ce mercredi 18 juillet dans le Haut-Rhin, à Houssen. L’occasion d’être secrétaire général et de ménager l’avenir avant le congrès de l’UMP, en novembre.
Un coca-light pour se réveiller après un petit somme en voiture 2, Jean-François Copé se prête au jeu des questions-réponses d’une dizaine de journalistes qui le suivent dans le TGV Paris-Strasbourg. Direction Houssen, dans le Haut-Rhin. « Je suis très bon au jeu du ni oui ni non » s’amuse-t-il. Pas question donc de glisser le moindre mot sur sa candidature à la tête de la présidence UMP dont il tient à entretenir un vrai faux-suspense : « Je ne suis pas dans ça ». Comprendre le congrès UMP du mois de novembre qui déterminera la nouvelle direction. A ce jour, seuls François Fillon et Dominique Dord, le trésorier du parti, sont officiellement candidats.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour être sûr de ne pas lâcher une petite phrase qui ferait le buzz sur twitter, Jean-François Copé finit chacune de ses phrases par « si je suis candidat ». Est-ce l’effet du sucre et des petites bulles ? Ou de ces quelques voyageurs qu’on croiraient voyageurs-militants à les entendre minauder souriants : « Vous êtes beau en plus ! » ou « Vous êtes vraiment gentil » ? Au bout d’une heure le voilà qui lâche ni vu ni connu :
« Le congrès c’est un moment très important de la vie d’un parti. Vous ne pensez pas que je vais rester muet ?! »
Non en effet, personne n’y croit, à le voir enchaîner : « Je vous parlerai le moment venu. Quoi qu’il arrive à la fin de l’été, les choses se préciseront. Il faudra bien que les choses soient dites ». Nous voilà rassurés. « En tout cas, personne ne s’est levé pour dire Copé est nul », s’extasie-t-il entre assurance et provocation à l’égard de son rival François Fillon. « Certains peuvent vouloir ma tête pour des raisons de trajectoires personnelles mais ne peuvent pas dire honnêtement Copé est nul. ». Si on le suit, pourquoi changer de secrétaire général ?
D’autant plus qu’ en ce 18 juillet, il est et reste secrétaire général, assure-t-il. Seule raison, donc, qui le motiverait à enchaîner en quarante-huit deux déplacements dans les fédérations en ce milieu d’été, le Haut-Rhin avant le Calvados ce 19 juillet. « C’est normal qu’en tant que secrétaire général, je fasse la tournée des fédérations. Ca fait dix-huit mois que je le fais ». C’est le message que répète en boucle Jean-François Copé : de la voiture bar du TGV, à Houssen, au meeting devant plusieurs centaines de militants UMP dans une grande salle où pour l’occasion a dû être annulé un cours de yoga…
Pas question de voir, répète, Copé, dans cette virée une quelconque façon d’aller à la rencontre des militants avant le congrès, ni même de faire du terrain quand les sondages donnent un François Fillon mieux placé dans l’opinion. « Les sondages s’adressent à l’ensemble des citoyens. Mais ça n’a rien à voir avec la mobilisation militante », glisse-t-il du tac au tac en ayant toujours réponse à tout. « Les adhérents, eux, savent particulièrement l’engagement qui est le mien ». Et le député UMP Michel Sordi, aux côtés de Jean-François Copé pendant le déplacement, de commenter : « Ici, Jean-François Copé est très apprécié. Il a un discours qui passe bien ».
Bon alors pourquoi venir un 18 juillet si tout est déjà nickel ? Officiellement, trois raisons. Féliciter les élus alsaciens. « Je suis venue rendre hommage aux équipes qui ont fait le grand chelem (ndlr, tous les candidats UMP élus en Alsace) pendant les législatives, dans une ambiance combattive », explique Copé. Une fédération, assure-t-il, qui a pris en charge les frais de sa venue et qui « l‘accueille en tant que secrétaire général », affirme la présidente de la fédération, la sénatrice Catherine Troendle.
Quelques minutes plus tard, la voilà pourtant qui annonce à la tribune : « mais ça ne m’empêche pas d’avoir fait mon choix en mon for intérieur ! ». Euh, qui a dit qu’on ne parlait pas de congrès ? Jean-François Copé poursuit donc sur la deuxième raison de son déplacement : « dérouler le plan stratégique de la droite ». En somme : « préparer une très belle vague bleue en 2014 à partir des reconquête des territoires perdus » et troisièmement « préparer la relève » en facilitant l’entrée des jeunes dans la vie du parti. Manifestement Jean-François Copé pense que celle-ci devrait être facile : « les erreurs des socialistes vont naturellement conduire les Français à s’engager », assure Copé. Et au passage c’est pratique, ça permet de faire un coucou aux militants dans une chaude ambiance, au sens propre comme au figuré. Eux semblent ravis.
Installés plus d’une heure avant l’heure du meeting, ils sont plus de 400 à attendre leur champion. Et à les écouter, leurs intentions ne font que peu de doutes pour le congrès. L’accueil est d’ailleurs digne d’un meeting présidentiel… mais version minipouce. Musique qui crachouille pour l’entrée de Copé, drapeaux tricolores aux deux premiers rangs, standing ovation et concert de louanges de deux élus alsaciens à la tribune. « Je fais du monde ! », s’enorgueillit Jean-François Copé. « Et ça fait des nombreux mois que je fais ça ! ».
A la tribune, pendant plus de quarante-cinq minutes, parlant essentiellement de lui, Jean-François Copé dresse ni vu ni connu le portrait de celui « qui va porter l’opposition pendant trois ans ». Et c’est bien connu on n’est jamais aussi bien servi que par soi même.
« C’est maintenant que les gens voient ceux d’entre nous qui sont solides et qui vont partir au combat, qui ne renient pas leurs convictions et qui savent écouter le message des Français, mais qui sont solides sur leurs idées. »
Si jamais certains un peu endormis dans la moiteur de la salle n’avaient pas compris le message, Copé se veut plus précis : « moi dans l’exercice de mes fonctions de secrétaire général, j’ai d’abord été aux côtés de celui qui depuis le fond de la salle voulait dire sa différence et je me suis porté garant qu’il avait totale liberté de dire sa différence. ». Avant de glisser qu’il était aussi en capacité d’être « rassembleur » et d’exercer « le leadership ». Voilà pour l’homme.
Sur sa ligne politique à l’intérieur de l’UMP, lui qui se revendique de la ligne « ni-ni », ni alliance avec le FN ni appel à voter pour un parti de gauche, quand Fillon était le tenant du Front républicain, il définit sa ligne politique : « Je suis le tenant d’une droite et d’un centre droit qui s’assume, républicain, moderne, mais surtout décomplexé. Je ne laisserai personne à ceux de nos compatriotes qui veulent dire leur exaspération et leur ras le bol les empêcher de leur faire. » Et il poursuit :
« Nous ne devons avoir aucun état d’âme ni aucun complexe à dire notre part de vérité. Et nous devons nous adresser à tous les Français sans exclusive ni sans culpabilisation ».
En somme, ceux qui mettent de l’eau dans leur vin peuvent aller se rhabiller. « Il ne faut pas craindre de mettre tout sur la table et sans état d’âme. (…) La langue de bois et le politiquement correct imposé par deux ou trois quartiers de Paris centre ou on s’est tout ça n’est pas dans ces quartiers là qu’on fait le destin de la France. » De là à entendre une pique à l’encontre de son adversaire Fillon, élu député de Paris, dans le VIIè arrondissement de la capitale, quand Copé ne cesse de rappeler son ancrage politique à Meaux, il n’y a qu’un pas…
Et à ceux qui comptent sur les sondages pour le décourager, il prévient qu’il ne lâchera rien, rappelant, qu’il a « une bonne connaissance du pied dans la porte » : « La campagne électorale ça ne commence pas la veille du jour où les gens ont voté mais ça commence le lendemain du jour où ils ont voté, pour l’élection suivante. » La salle est conquise. Copé peut remettre sa veste. « Je vous embrasse ! », lance-t-il avant d’enchaîner sur les séances photos et les autographes.
Marion Mourgue, envoyée spéciale à Houssen (Haut-Rhin)
{"type":"Banniere-Basse"}