Une comédie sportive entre filles qui font du roller. Le premier film réalisé par l’irrésistible Drew Barrymore. Vraiment charmant.
Lorsqu’une actrice qu’on suit depuis longtemps fait son premier film, on se demande toujours s’il ressemblera à ce qu’on connaît d’elle. Soit la petite fille d’E.T. (Spielberg), la productrice audacieuse de Donnie Darko (Richard Kelly), l’actrice qui essaie d’adapter son physique de rondouillarde aux canons hollywoodiens. Ici, Drew Barrymore choisit une forme de repli joyeux en tablant sur un mixte d’intrigue adolescente classique et d’esprit rebelle un peu carré (une jeune fille veut échapper à un destin conventionnel), auquel elle offre une dimension foutraque inattendue : la passion pour le sport.
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Si le cinéma américain a su trouver des exutoires physiques aux adolescents (le skate, la danse, le surf ), il n’y avait pas grand-chose jusqu’ici pour leurs alter ego féminins, même si Don Simpson, le regretté roi du high concept eighties, pitchait alors Flashdance comme un “Rocky pour filles”. Drew Barrymore leur offre le roller derby, compétitions de roller sur piste où il s’agit de gagner des points en dépassant ses adversaires, voire en les éjectant. Vitesse, agressivité, jolies tenues (paillettes et shorts), musique à fond, public surexcité, coups et blessures assurés : une forme de gloire tapageuse est là, composant la meilleure partie du film, apparemment proche de l’héroïsme féminin resplendissant à la Tarantino, mais sans la brillante réduction théorique que ce dernier opère sur ses figures.
Ici, ce sont des personnages en chair et en os, petites- filles malhabiles de Deux filles au tapis de Robert Aldrich. Barrymore filme de plain-pied ces scènes de joie collective, blagues de vestiaire, complots et rivalités à deux balles, sans les enrichir mélancoliquement de questions de fond (pourquoi les filles ont-elles aussi besoin de se défouler ?), mais avec un vrai entrain de jeune chiot. C’est d’ailleurs sous cette forme qu’elle apparaît dans le film, en joueuse de roller derby qui moleste son fiancé pour lui déclarer son affection – “ouaf ouaf”, jappe le spectateur.
L’héroïne principale est jouée par Ellen Page, mais c’est par les seconds rôles que Barrymore brille comme directrice d’acteurs. Ils ont tous un charme précis : la meilleure copine (Alia Shawkat), la mère sévère (Marcia Gay Harden) et, surtout, la troupe de trentenaires avancées (Juliette Lewis outrancière à souhait, Kirsten Wing), occasion pour la réalisatrice de promouvoir cette catégorie d’âge difficile à Hollywood en lui offrant une vitalité qui ferme le clapet des obsédés du jeunisme.
Evidemment, il y a un chouchou caché, sinon ça ne serait pas tout à fait un film de filles. Ce n’est ni le fiancé indie, ni le serveur latino qui, en cours de récit, abandonne sous le coup de l’amour sa gomina vieillotte pour une coupe de minet. C’est le frère dans la vie de Owen et Luke Wilson, super coach dans le film, et qui déploie ici un charme de blond hirsute, désinvolte et vaguement furieux : Andrew Wilson.
BLISS de Drew Barrymore, avec Ellen Page, Marcia Gay Harden, Juliette Lewis (E.-U., 2009, 1h51) Sortie en salle le 6 janvier.
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