A travers neuf alter egos et quelques invitées, Lawrence Rothman explore la fluidité de genre en musique. Son premier album est l’élégance même.A travers neuf alter egos et quelques invitées, Lawrence Rothman explore la fluidité de genre en musique. Son premier album est l’élégance même.
Dans le clip de Wolves Still Cry, single tiré de son premier album, on découvre Lawrence Rothman sous l’apparence d’Orion. Autour d’Orion, campés cette fois par des danseurs, on retrouve Darrell Bitchboy, Truman, Hooky, Aleister, Natucket, Kevin, Elizabeth et Christopher, soit les neuf alter egos derrière le songwriting de Lawrence Rothman. C’est Orion qui mène littéralement la danse ici, quelque part entre voguing et postures gothiques.
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La vidéo est réalisée par Lawrence Rothman mais la direction artistique revient à Floria Sigismondi, une ancienne collaboratrice régulière de David Bowie. On commence à y voir plus clair : Lawrence Rothman est du genre à jouer avec les genres, à se mettre en scène avec flamboyance, à s’écouter au plus profond en bousculant les normes.
“Je ne m’identifie à aucun genre, dit Lawrence Rothman. Mon corps n’est qu’une enveloppe pour mon être intérieur – et pardon si c’est cheesy de dire ça. Mes alter egos sont différentes versions de ce moi profond. Chacun à leur façon, ils expriment mon côté féminin, mon côté masculin, mon côté dangereux, mon côté timide… Et ça se reflète dans mes productions aussi bien que dans mon apparence.”
« Chacun à leur façon, [mes alter egos] expriment mon côté féminin, mon côté masculin, mon côté dangereux, mon côté timide… »
Orion et les autres ne sont donc pas des personnages mais bien les expressions différenciées, individualisées, libérées de ce qu’est vraiment Lawrence Rothman. Mais tout n’a pas toujours été aussi simple.
“Je n’aurais pas survécu sans la musique »
Pour parler de la banlieue de Saint-Louis de son enfance, Lawrence Rothman, 35 ans aujourd’hui et vivant à Los Angeles, parle toujours d’un “trou de l’enfer”. Dans sa bouche, “Missouri” devient également “misery”. Et si la vanne fait sourire, elle ne cache pas les années de harcèlements subis à l’école et à la maison. “En grandissant, je me sentais en déconnexion totale avec le monde autour de moi, raconte Lawrence Rothman. Je me sentais comme un alien à cause de mon apparence et de mes attitudes.”
Face au rejet des autres, Lawrence Rothman invente une autre réalité, où être fidèle à soi est possible. C’est à ce moment que la musique apparaît dans sa vie, vers 8 ans. Elle lui permet de raconter des histoires et de ne plus entendre les bruits de l’extérieur, où tout n’est que “classicisme américain”, “police de la pensée” et “attentes rétrogrades”.
Les années passent. Le déni fait son chemin. La dépression aussi. “Je n’aurais pas survécu sans la musique”, dit clairement Lawrence Rothman. Et puis un jour de 2014, dans le parking d’un Costco, lors d’une discussion téléphonique avec son père (qui se passe mal), Lawrence Rothman verbalise pour la première fois sa non-binarité. C’est un bouleversement émotionnel et le début d’une libération artistique dont l’aboutissement est ce premier album, The Book of Law.
Lawrence y invite Marissa Nadler, Angel Olsen et Kristin Kontrol pour une série de titres au sens mélodique rare. La délicatesse est partout. La lumière est douce. C’est toujours un peu triste. Ça ressemble beaucoup à Lawrence Rothman.
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