D’abord il y a cette voix grave et sourde, qui scande les phrases comme si elle était prise dans une transe ensorcelée. Ensuite arrive la guitare, acérée, épileptique, prise de soubresauts continuels, sans doute née quelque part dans les sillons d’un disque de Wire ou de The Birthday Party. Une guitare portée par une rythmique […]
D’abord il y a cette voix grave et sourde, qui scande les phrases comme si elle était prise dans une transe ensorcelée. Ensuite arrive la guitare, acérée, épileptique, prise de soubresauts continuels, sans doute née quelque part dans les sillons d’un disque de Wire ou de The Birthday Party. Une guitare portée par une rythmique tout aussi sauvage et primitive, tournoyant sur elle-même, basse et batterie prises dans une envolée explosive et soudaine. La musique des Liars est ainsi : une déflagration d’énergie pure, moite et fracassée, débordant de toutes parts d’une sorte de folie furieuse, à peine contrôlée.
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Ces petits instants de son dynamité, comme nés d’une alchimie mutante entre un rock atomisé et des résidus radioactifs de musique industrielle, se retrouvent concentrés dans le premier album de ce groupe de New York, baptisé They Threw Us All in a Trench and Stuck a Monument on Top (?Ils nous ont jetés dans une tranchée qu’ils ont bouchée avec un monument?). Un titre qui pourrait bien tout dire sur un groupe dont la musique semble gouvernée par un étrange sentiment contradictoire de frustration paranoïaque et de bouillonnement expansif.
Né dans le punk et la no-wave, l’album des Liars est aussi, plus subtilement, teinté d’électronique, ne serait-ce que par son usage des samplers, mais aussi par les textures infinitésimales qui peuplent chacun de ses recoins : des petits bruits, des craquements, des couches de sons extraterrestres à peine perceptibles. Ce traitement sonore trouve en fait son aboutissement dans le dernier morceau de l’album, This Dust Makes That Mud, boucle longue de près d’une demi-heure, qui transforme la hargne punk du groupe en un minimalisme contemplatif et hypnotique. Un titre qui teste à outrance la résistance auditive de l’auditeur, alors même que les morceaux précédents testaient la puissance physique des musiciens.
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