Aaron Maine, aka Porches, livre un troisième album beau et contemplatif. Quand les errances intimes du New-Yorkais rencontrent nos réflexions existentielles.
Accoudé à la fenêtre de son appartement new-yorkais, Aaron Maine, sweatshirt à capuche et cheveux en bataille, nous offre depuis son smartphone une vue imprenable sur Eldridge Street et son brouhaha matinal. Une petite rotation sur la droite et Maine braque alors la caméra sur un home-studio rudimentaire, constitué d’un ordinateur et de quelques boîtes à rythmes : “C’est ici que j’ai enregistré mon disque”, nous prévient-il, avant de s’enfoncer dans un canapé moelleux que l’on imagine confortable.
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Anything U Want, le titre qui vient clôturer le troisième album de Porches, s’achève d’ailleurs sur une longue nappe progressive à laquelle succède le bruit lointain de la rue, qui semble nous parvenir d’une fenêtre entrouverte. Une façon de laisser enfin la réalité du monde extérieur pénétrer l’intimité d’une œuvre marquée par les errances introspectives d’un kid en proie à des questionnements existentiels. “Cet album parle des tourments qui te saisissent quand, une fois arrivé dans un endroit où tu voulais te rendre, tu réalises finalement que tu veux être ailleurs. J’ai le sentiment que les moments les plus intéressants restent ceux où tu es en route pour un lieu et que tu ressens l’excitation d’aller vers quelque chose de nouveau et de mystérieux.”
Ballade en 4×4 sur les bords de l’Hudson River
Une mécanique psychologique et émotionnelle parfaitement synthétisée dans le clip de Country (feat. Devonté Hynes et Bryndon Cook), sans doute le titre le plus significatif du disque, où Aaron se met en scène en partance pour une destination indéterminée, à l’arrière d’un 4×4 traversant les luxuriantes contrées qui bordent l’Hudson River. Exaltée par un onirisme lynchien, la vidéo se termine sur une scène fantomatique montrant Maine en position de penseur dandy dans une pièce rouge, sorte d’antichambre métaphorique à la croisée des chemins de ces lieux mentaux où l’on se rend, mais que l’on n’atteint pas.
“Comprendre où j’en étais et où j’allais quand j’ai écrit ces chansons est un peu complexe. Contrairement à Slow Dance in the Cosmos, mon premier album, ce disque s’est écrit sur un laps de temps très court, sans jamais me dire ‘OK, ce morceau va parler de telle ou telle chose’.” Pensé comme une sorte de journal que l’on tient en exutoire et dans lequel on jette par écrit des sentiments persistants, The House s’avère former un tout cohérent. La thématique de la confrontation contrariée entre l’intériorité et le monde sensible se manifeste d’autant plus que, à l’image du travail initié avec Pool – son album précédent –, Porches s’éloigne encore davantage du territoire de l’indie rock des débuts, pour se concentrer sur des sonorités synthétiques plus froides et contemplatives, propices à l’expression de toutes ces émotions. Une nécessité formelle et esthétique pour Aaron Maine, qui met un point d’honneur à ne pas reproduire des formules qui ont fait leur preuve.
The House sortira le 19 janvier et sera disponible sur Apple Music.
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