Député PS, écrivaine. A quelques semaines des régionales, elle revient sur le décès de Séguin, le livre de Jospin, la bisbille Verts-PS et la burqa.
Qu’avez-vous pensé de la mort de Philippe Séguin ?
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C’est toujours émouvant de voir la communion de l’ensemble de la classe politique autour du décès de quelqu’un. Au-delà des clivages et des affrontements parfois violents, il y a la reconnaissance d’un parcours. Le mauvais côté, c’est qu’il faut que les gens soient morts pour qu’on s’en rende compte. Au final, ceux qu’on aime, ce sont les “losers”, ceux qui n’ont jamais pu accéder aux fonctions suprêmes. En tant que premier président de la Cour des comptes, Séguin était d’une ironie féroce sur la politique du gouvernement. Il a rendu public un certain nombre de rapports qui étaient précieux pour l’opposition. Ce qui me touchait chez lui, c’est qu’il rappelait sans cesse l’origine de son engagement politique, le ramenait toujours à la mort de son père, à son statut de pupille de la nation. J’aime quand la politique est aussi de l’histoire personnelle.
Vous avez lu le livre de Lionel Jospin, Lionel raconte Jospin ?
Oui. C’est de l’histoire, c’est un peu nostalgique – je ne suis pas franchement persuadée que la nostalgie soit une valeur de gauche. C’est intéressant de voir le regard d’un acteur sur sa trajectoire, mais il n’y a pas grand-chose de nouveau dans son analyse. Le disque est un peu rayé. Ce qui nous a mis dans l’impasse, ce n’est pas la division de la gauche, mais les blocages du Parti socialiste. J’analyse le succès d’Europe Ecologie comme l’incapacité chronique du PS à prendre en charge certaines questions. Par exemple, le PS a toujours sous-traité l’écologie aux Verts : c’est ce genre de mauvaises habitudes qu’il faut changer.
Dans Libération, Daniel Cohn-Bendit a déclaré : “Le PS c’est pas ça, c’est plus ça.” Qu’en pensez-vous ?
Je connais bien les Verts : leur but a toujours été de gagner sur le PS. Mais le but aujourd’hui, c’est de gagner sur la droite. Je regrette qu’il n’y ait pas d’alliances pour les régionales. Avec Vincent Peillon, Marielle de Sarnez et d’autres, nous travaillons sur quelque chose de plus ambitieux : un rassemblement de la gauche, avec une double appartenance, et pourquoi pas des primaires communes – même si pour le moment on se dirige vers des primaires uniquement socialistes. L’objectif, c’est que la gauche – et pas seulement le PS, là je suis d’accord avec Cohn-Bendit – puisse proposer un projet commun pour l’emporter en 2012. Donc pas d’hégémonie du PS, mais pas d’arrogance chez les Verts. Je ne m’adresse pas spécialement à Dany quand je dis ça : je trouve ridicule que les Verts attaquent Huchon à Paris alors qu’ils ont dirigé la Région avec lui depuis deux mandats.
Sur la burqa, vous avez dit que le PS allait un peu vite en besogne en s’opposant à une loi contre son port ?
Je suis pour qu’on arrête de couper les cheveux en quatre dans ce débat. Si on est contre la burqa, on fait une loi. Du point de vue juridique, la Convention européenne des droits de l’homme précise qu’il y a des restrictions possibles aux libertés religieuses, à condition de passer par la loi. D’autre part, le Conseil d’Etat a reconnu en 1996 que la dignité de la personne humaine était une composante de l’ordre public : pour moi, la burqa est une atteinte à la dignité de la personne humaine. Malheureusement, et cela je le reconnais, tout ça tombe en plein milieu du débat sur l’identité nationale, c’est un très mauvais moment.
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