Après Skins, l’Angleterre lance Misfits, série ado avec de jeunes superhéros à l’accent cockney.
L’Angleterre est bien l’autre pays de la série. On le savait déjà, cela se confirme sans cesse. Son dernier coup de force s’appelle Misfits, et n’a rien à voir avec le film de John Huston où Marilyn erre dans le désert entre Clark Gable et Monty Clift. Diffusée par la chaîne E4 (Skins) juste avant les fêtes, c’est une histoire d’ados à problèmes, condamnés à des travaux d’intérêt général. Sauf que… dès leur premier jour de boulot, alors qu’ils traînent les baskets dans leurs combinaisons orange, un orage s’abat sur eux et les transforme. Les cinq gamins agités se réveillent dotés de superpouvoirs, des plus ordinaires (télépathie, invisibilité, capacité à influer sur le temps) au plus étonnant (une jeune fille déclenche la furie sexuelle de ceux qu’elle touche). Ils vont devoir gérer ensemble des casseroles plus ou moins encombrantes.
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On voit déjà les plus impatients lever la main pour expliquer qu’un Heroes de plus n’était pas nécessaire. Les impatients ont souvent tort. La création d’Howard Overman, scénariste de 36 ans, n’a presque aucun point commun avec la série américaine en chute libre de NBC. Dans Misfits, il n’est pas vraiment question de sauver le monde, mais déjà de se trouver soi-même en disant au revoir à l’enfance. Les pouvoirs des cinq héros ont tous un lien plus ou moins direct avec leur identité et leurs désirs émergents/ inconscients. Ainsi, l’ado Simon Bellamy devient invisible quand il se sent invisible socialement, et Alisha, celle qui rend les autres fous d’envie d’elle, a parfois du mal à contenir ses propres pulsions sexuelles.
C’est donc plutôt du côté des fictions teen éternelles qu’il convient de regarder. Dans The Breakfast Club (1985), le film de John Hughes, cinq ados se retrouvaient collés un samedi matin et apprenaient à se découvrir. Misfits reprend ce fil ténu mais émouvant et le retravaille à l’échelle d’un récit au long cours (la première saison compte six épisodes) et d’un canevas de science-fiction. Avec, en prime, une extension sur le net – les personnages ont “twitté” pendant la diffusion des épisodes…
Si tout n’est pas parfait dans ce début de série tonitruant mais parfois brouillon, sa liberté de ton et son originalité crèvent les yeux : le drame réaliste à l’anglaise (les ados et leur famille, quand ils en ont une) subit un croisement audacieux avec des notes de fantastique et d’étrangeté ébouriffantes. La scène d’amour entre le frisé sans toit Nathan et une conquête de… maison de retraite appartient déjà à la légende de la télé made in UK. Et, bien au-delà des intrigues, l’énergie déployée par les acteurs captive. Comme c’était le cas avec Skins, la plupart étaient peu ou pas connus avant de jouer dans Misfits. Tous emportent la mise avec une grande aisance et donnent envie de voir la saison 2, déjà commandée par E4. Quant à l’annonce d’une diffusion française, on l’attend toujours. Mais elle ne saurait tarder.
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