En visite d’Etat à Pékin, le président Emmanuel Macron a préféré ne pas s’exprimer publiquement sur le respect des droits de l’homme par les autorités chinoises. C’est contraire à ses habitudes.
Le président français n’a pas voulu “donner des leçons à la Chine” pendant son séjour dans l’Empire du milieu, du 7 au 10 janvier dernier. Plutôt que d’interpeller publiquement le régime de Xi Jinping sur son non-respect des droits humains, Emmanuel Macron a dit aux journalistes préférer “œuvrer dans un dialogue intime” et “en respect”, au nom de l’efficacité. “Je peux me faire plaisir et donner des leçons à la Chine en parlant à la presse française. Ça s’est beaucoup fait, ça n’a aucun résultat. Et donc je préfère sur ce sujet favoriser des messages qui sont clairs, et que j’ai eus tout à l’heure en présence du président.”
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Si ce « dialogue intime » sert à quelque chose, il faut espérer que Liu Xia, la veuve du prix Nobel Liu Xiaobo, recouvrera sa liberté pleine et entière. Emmanuel Macron est bien conscient de son cas. https://t.co/7SiGr4EznQ
— pierre haski (@pierrehaski) January 10, 2018
L’appel à libérer Liu Xia
Un parti pris qui risque de déplaire aux ONG comme Human Rights Watch. Le 5 janvier dernier, l’organisation internationale demandait en effet dans une lettre au président français de soulever publiquement ces sujets. Bénédicte Jeannerod, directrice France de l’ONG, y détaillait notamment une “détérioration rapide” des libertés politiques et religieuses de la minorité musulmane ouïghoure dans la région du Xinjiang. Elle enjoignait également M. Macron à “réitérer publiquement l’appel de la France en faveur de la liberté de mouvement de Liu Xia”, veuve du dissident Liu Xiaobo mort en détention, assignée à résidence de manière “arbitraire” depuis cet été.
Le précédent Poutine
En mai dernier, Emmanuel Macron n’avait pas hésité à évoquer des sujets sensibles lors de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine. Il avait qualifié Russia Today (RT) et Sputnik d’“organes d’influence” répandant des “contre-vérités infamantes”, et mentionné la répression des homosexuels en Tchétchénie devant son homologue.
Reste à voir si la stratégie moins directe dont il use avec le président chinois portera ses fruits. Pour le moment, impossible de savoir si le président français a conservé sa liberté de ton habituelle lors des discussions privées qu’il a pu avoir avec Xi JinPing au cours de sa visite.
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