Selon l’ancienne secrétaire d’Etat, cet impôt pourrait être prélevé “sur les bénéfices en France réalisés par les Gafa”.
Trois ans après l’attentat du 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, la rédaction de l’hebdomadaire satirique vit toujours recluse, dans un bunker sous haute sécurité. C’est ce qu’a longuement raconté le journaliste Fabrice Nicolino dans le numéro du 3 janvier, éloquemment titré “Trois ans dans une boîte de conserve”. Dans son édito, intitulé “Liberté d’expression, combien ça coûte ?”, Riss dévoilait les sommes considérables que le journal doit débourser pour continuer d’assurer sa sécurité. “Ces investissements et cette protection ont un prix. Tout compris, ils atteignent entre 1 et 1,5 million d’euros par an, entièrement à la charge du journal”, écrivait-il. L’ancienne secrétaire d’Etat en charge de l’aide aux victimes, Juliette Méadel, désormais chroniqueuse à Challenges, a entendu ce cri d’alarme.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans les colonnes du magazine économique, elle propose de créer un “impôt Charlie Hebdo” pour protéger la liberté d’expression. “La liberté d’expression est la mère de la République. La République doit donc la financer comme elle finance le fonctionnement de notre vie démocratique. On finance un parti politique, pourquoi ne financerait-on pas des journaux menacés par des terroristes qui ont un projet politique anti-démocratique ?”, défend-elle.
Un impôt “sur les bénéfices en France réalisés par les Gafa”
Pour ce faire, elle propose donc de créer un impôt supplémentaire, “sur les bénéfices de la publicité diffusée sur internet” ou “sur les bénéfices en France réalisés par les Gafa” [les « géants du web », c’est-à-dire notamment Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Yahoo, Twitter, LinkedIn, ndlr]. Selon elle, prélever cet impôt sur ces bénéfices en particulier fait sens, car les réseaux sociaux favoriseraient “des idéologies délétères et anti-démocratiques”.
Alors qu’Emmanuel Macron a récemment annoncé la création d’un texte de loi pour lutter contre les fake news, Juliette Méadel estime qu’“il serait donc de bonne politique que ce média là – Internet – participe au financement des médias qui, comme Charlie Hebdo, sont les remèdes à ce fascisme qui se nourrit aussi des fake news”. De plus, elle souligne que la création de cet impôt aurait la vertu de déclencher un débat national sur la liberté de la presse, “débat qui ne serait pas inutile en ces temps troublés où les pouvoirs publics sont de plus en plus interventionnistes en matière de liberté d’expression”.
{"type":"Banniere-Basse"}