Sur fond de changement de direction, les étudiants de la fameuse école des métiers de l’image et du son critiquent son inertie, revendiquant transparence et ouverture.
La Fémis, l’une des deux écoles publiques de cinéma en France, a depuis le 10 janvier un nouveau président. Nommé par le ministre de la Culture, le cinéaste d’origine haïtienne Raoul Peck (auteur de Lumumba et ancien ministre de la Culture de son pays) a ainsi succédé à Claude Miller, atteint par la limite d’âge pour ce poste essentiellement honorifique.
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Avant son départ, celui-ci a toutefois laissé une grenade, soigneusement dégoupillée, à son successeur : un rapport, coécrit avec Pascale Ferran, Caroline Champetier et Céline Sciamma, entres autres, qui critique en des termes assez durs la direction pédagogique de l’école, et entérine une crise ouverte depuis neuf mois entre les élèves et l’administration.
Peu coutumière des mouvements sociaux, la Fémis a en effet connu l’an dernier, en mars, sa première grève étudiante depuis sa création en 1986.
Plutôt discrète et courte – deux semaines de “cours banalisés”, selon la terminologie officielle, les étudiants préférant évoquer leurs “Etats généreux” –, cette grève a révélé de fortes tensions, qui couvaient depuis des années.
Comme si la Fémis reproduisait, à une échelle miniature (160 élèves environ, répartis sur quatre promotions), certaines frustrations affectant le “milieu” cinématographique dans son ensemble.
Les délégués des élèves évoquent ainsi “une inertie, une infantilisation, une fermeture au monde, un cloisonnement entre départements et promotions, qui ne favorise ni la créativité collective, ni l’épanouissement individuel”.
Et de résumer leurs revendications en trois mots d’ordre, “transversalité, transparence, ouverture”, approuvés par le rapport Miller et votés à une courte majorité lors du dernier conseil d’administration.
Seulement, ni l’administration ni le corps enseignant (en tout cas les quelques permanents, l’école employant surtout des intervenants extérieurs) ne l’entendent de cette oreille.
“Le rapport arrive bien tard, faisant comme si beaucoup de ces propositions n’étaient déjà pas mises en oeuvre ou programmées ; les autres n’étant pas forcément réalistes, ni souhaitables, ni même réclamées par les élèves”, explique Jean-Paul Civeyrac, cinéaste et responsable du département réalisation.
Ce à quoi les étudiants rétorquent que “les mesures prises sont insuffisantes et la crise beaucoup plus profonde”.
Alors que le directeur de la Fémis, Marc Nicolas – dont le rapport Miller préconise qu’il délègue une partie de ses fonctions à un véritable directeur des études, issu de la profession – devrait voir son mandat triennal renouvelé par le ministre de la Culture le 25 janvier, l’école de la rue Francoeur en est à un moment charnière de son existence.
Blog des étudiants : http://etatsgenereux.canalblog.com
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