Fervent défenseur d’un rock’n’roll pur et dur, le trio BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB livre un huitième album ténébreux et renoue avec la fougue des débuts.Fervent défenseur d’un rock’n’roll pur et dur, le trio BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB livre un huitième album ténébreux et renoue avec la fougue des débuts.
Dix-sept ans ont passé depuis le premier album de Black Rebel Motorcycle Club, sorti en plein revival rock garage. Depuis, la plupart des artistes issus de cette scène passionnante du début du siècle ont jeté l’éponge (The White Stripes, The Von Bondies…) ou transformé leur son (The Strokes, The Vines…). BRMC n’a pas été épargné par les égratignures, avec un changement de batteur en 2008 et le décès en pleine tournée européenne 2010 de Michael Been, ex-leader de The Call et père de l’un des membres fondateurs du trio, qui était devenu leur ingénieur du son en concert. Pourtant, le groupe a survécu sans renoncer à ses dogmes de départ : jouer à trois un rock fiévreux, sans concession et sans leader, en se partageant le micro.
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De retour après une (longue) pause de cinq ans
Quand on les rencontre, on devinerait à des kilomètres que ces trois silhouettes dépenaillées font partie d’un groupe de rock : blousons de cuir noir sur fripes chiffonnées, tignasses sauvages, regards dans le brouillard et voix traînantes pour tenter de démêler leurs pensées. “Pour composer, on essaie de suivre le fil d’une idée jusqu’au bout, explique Peter Hayes, chanteur et guitariste. C’est de plus en plus dur de ne pas être interrompu par le monde extérieur.” L’évolution du groupe les a amenés à explorer différents courants depuis leurs débuts (blues, shoegazing, Americana, psychédélisme, gospel…), mais la guitare lacérée reste un élément omniprésent de leur carrière.
“En musique, les gens font souvent l’erreur de ne jamais changer, de se répéter par peur que le public ne suive pas s’ils essaient autre chose, ou à l’extrême inverse de se réinventer en permanence au point qu’il n’y a aucune cohérence entre les différents albums, analyse derrière ses lunettes noires le chanteur et bassiste Robert Levon Been, sosie d’un jeune Morrissey gothique. On préfère laisser parler notre instinct naturel. Ça peut avoir ses limites, mais on essaie de les repousser, tout en restant nous-mêmes.”
Il faut quand même avouer que, ces dernières années, le gang a parfois donné l’impression que sa fougue s’essoufflait. Leurs derniers albums n’ont pas autant enthousiasmé que leurs premières œuvres, intenses et lancinantes. S’accorder une longue pause leur a visiblement fait le plus grand bien. Fin 2014, la Danoise Leah Shapiro, leur batteuse depuis le départ de Nick Jago, a annoncé qu’elle devait subir une opération du cerveau. Après de longs mois de repos forcé et un rétablissement total, elle a repris ses baguettes et le groupe a recommencé à tourner et à composer.
Cinq ans après leur septième album, le nouveau, intitulé Wrong Creatures, souffle sur les braises pour en faire repartir le feu. Le prologue, nimbé de mystère et d’échos de murmures, est la première étape du sortilège en douze parties. Le deuxième morceau, Spook (qui peut se traduire par “fantôme”), regroupe des riffs plongés dans le cambouis, des rythmes poisseux et un chant habité. Ce Club californien aux mantras hypnotiques nous avait manqué.
Retrouver le panache qui a auréolé leurs débuts
Pour contrebalancer les brûlots hérissés (notamment Little Thing Gone Wild, premier extrait dévoilé en septembre dont les paroles ont inspiré le titre de l’album), plus de la moitié de ces nouvelles chansons durent entre cinq et six minutes : elles installent ainsi des atmosphères envoûtantes et prennent leur temps pour monter en intensité. A la fois dense et lascif, enflammé et crépusculaire, le résultat replace le Club dans la droite lignée de leurs héros de toujours : The Jesus And Mary Chain, The Velvet Underground, voire Spiritualized pour les trips teintés de ferveur gospel. Sur Circus Bazooko, ils s’aventurent vers des ambiances de cirque déglingué sans jamais ressembler à des clowns.
“Les premières fois que j’ai joué sur scène, se souvient Robert Levon Been, j’ai été abasourdi par mes sensations. Je n’étais plus ce mec bizarre et introverti. Peut-être que l’instrument m’a servi de bouclier, ou peut-être que les répétitions m’ont fait prendre de l’assurance. Ces vagues d’émotions puissantes te font passer d’un extrême à l’autre, de la joie aux larmes, de la violence à la tendresse la plus intime.”
Ces chamboulements internes qu’ils ressentent en concert sont aussi perceptibles sur Wrong Creatures, où ils retrouvent le panache qui a auréolé leurs débuts.
Wrong Creatures s’écoute sur Apple Music.
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